Voici un "bonjour l'Europe", diffusé le dimanche 2 mars sur RFI. Et oui, le maire de Kiev n'en finit pas de faire parler de lui. Ecoutez plutôt....
Voici un "bonjour l'Europe", diffusé le dimanche 2 mars sur RFI. Et oui, le maire de Kiev n'en finit pas de faire parler de lui. Ecoutez plutôt....
Rédigé à 10h26 | Lien permanent | Commentaires (0)
Deux papiers, un radio et un presse écrite, sur la déclaration tant attendue de Viktor Iouchtchenko prenant acte de l'impossibilité de tenir des élections législatives anticipées le 14 décembre, comme il l'avait annoncé au moment où, le 8 octobre dernier, il dissolvait le Parlement ukrainien (le 20 octobre, il allait... dé-dissoudre cemême Parlement, car celui-ci devait voter la loi de financement des élections anticipées, loi qui n'a jamais pu être votée).
Papier RFI, diffusé dans la nuit du 11 au 12 novembre:
Téléchargement pap_rfi_renonce_elections_121108.mp3
Et la version "quotidien", dans Ouest-France le 13/11:
Viktor Iouchtchenko, qui avait décrété, au début d'octobre, la dissolution du Parlement ukrainien, renonce finalement aux élections législatives anticipées, prévues le 14 décembre. L'Ukraine, embourbée depuis le début septembre dans une violente crise politique au sein de la majorité pro-orange a, depuis l'annonce de la dissolution, été rattrapée par une autre crise, financière cette fois.
Cette dernière a provoqué une crise des liquidités sans précédent et la monnaie nationale, la gryvnia, n'échappe que de justesse à la dévaluation. Mêmes inquiétudes sur le front de l'emploi, notamment dans la métallurgie. La baisse des cours mondiaux des métaux a plombé ce secteur clé de l'économie, provoquant la fermeture de plusieurs hauts-fourneaux, à l'est et dans le centre du pays.
Mesures d'austérité
Des milliers d'Ukrainiens pourraient y perdre leurs emplois, alors que des mesures d'austérité s'annoncent sur les retraites et les salaires. Des économies budgétaires exigées par le FMI, qui a accordé à l'Ukraine un prêt d'urgence de 12,5 milliards d'euros.
Dans ce contexte, difficile de faire voter au Parlement un budget pour l'organisation d'élections anticipées... En coulisses, on murmure que les oligarques ukrainiens, sponsors des partis politiques, seraient, eux aussi, à cours de liquidités et donc peu enclins à financer une campagne de 700 millions d'euros.
Les élections anticipées pourraient tout de même avoir lieu après le mois de janvier et la période des fêtes orthodoxes. D'ici là, le pays vogue doucement à la dérive : le Parlement, dissous, puis reformé par décret, vient de limoger son président, Arseni Yatseniouk.
Le parti du Premier ministre, la blonde Ioulia Timochenko, opposée aux élections, bloque régulièrement la tribune. Des députés en sont même venus aux mains, hier. Loin, bien loin de « l'union sacrée » évoquée par les politiques pour faire face à la crise financière.
Rédigé à 17h44 | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé à 09h51 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voici un papier radio diffusé sur France Culture dans le journal de 07 heures du mercredi 15 octobre. Il tente de faire le point sur la situation, une semaine après la dissolution (désormais contestée par la premier ministre) du Parlement par le Président Iouchtchenko. Dans cette confusion générale, un détail semblait avoir été jusque-là occulté, mais se rappelle au bon souvenir des ukrainiens: le pays subit de plein fouet les conséquences de la crise économique mondiale...
Téléchargement fcult_7h_151008_crise_ecopolit.mp3
Rédigé à 11h18 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le président Victor Iouchtchenko rappelle tout le monde aux urnes et prépare de nouvelles alliances.
Kiev, de notre correspondante.
C’est depuis l’Italie, dans un message télévisé pré-enregistré, que Victor Iouchtchenko a annoncé mercredi la dissolution du Parlement ukrainien. Pas vraiment une surprise, mais une impression tenace de « déjà vu » pour les ukrainiens, appelés aux urnes pour la troisième fois en trois ans. Le scrutin est prévu le 7 décembre 2008, à condition de résoudre une dernière bizarrerie constitutionnelle: les députés d’un Parlement sensément dissout vont en effet devoir voter une dernière fois, en l'occurence la loi sur le financement de la future campagne. Les députés du Biout, le parti du Ioulia Timochenko, qui dénoncent cette campagne lancée en pleine crise financière mondiale, pourraient tenter d'empêcher ou de retarder au maximum l'ouverture de la campagne.
C’est la guerre en Ossétie qui aura servi de détonateur à la crise parlementaire. Le président ukrainien y a pris fait et cause derrière la position dure de l'OTAN, alors que Timochenko faisait plutôt profil bas face aux russes. Depuis, Viktor Iouchtchenko n’a eu de cesse d’accuser son Premier ministre de servir les intérêts du Kremlin, allant même jusqu’à parler de haute trahison. Timochenko, en retour, n’a pas hésité à voter contre le bloc présidentiel au Parlement, créant ainsi une alliance opportune et inédite avec le Parti des régions, considéré comme plutôt pro-russe. La coalition démocratique, issue de la révolution orange, vivait alors ses dernières heures. Début septembre, Victor Iouchtchenko prenait acte de son éclatement, et appelait à la formation d’une nouvelle coalition sous trente jours. Faute de quoi, il dissoudrait le Parlement. Une menace mise à exécution mercredi soir, après une série de négociations perdues d’avance.
À première vue, cette décision s’apparente à un véritable suicide politique pour le Président. Iouchtchenko est au plus bas dans les sondages, alors que sa grande rivale Ioulia Timochenko caracole en tête. Mais ni l’un ni l’autre ne peut espérer l’emporter seul, et au sein des partis, on envisage toutes les alliances. Premier convoité, le Parti des régions, première force politique du pays, ennemi traditionnel du camp orange mais allié potentiel au gré des échéances électorales. « Le premier objectif de Victor Iouchtchenko, c’est de se débarrasser de Ioulia, estime Olexei Haran, directeur de l’Ecole d’études politiques de l’université Mohila, à Kiev. Pour ça, il n’a pas vraiment le choix … il va devoir s’allier avec le Parti des régions, en jouant sur l’idée de réunification nationale. D’ailleurs, ce ne serait pas la première fois, il l’a déjà fait lors des législatives de 2006 ». Comme pour confirmer ces rumeurs d’alliance contre-nature, la presse ukrainienne a fait état ces dernières semaines des rapprochements qui se jouent en coulisses entre Victor Iouchtchenko et Rinat Akhmetov. Ce dernier n’est rien de moins que l’homme le plus riche d’Ukraine, député et sponsor principal du Parti des régions.
Au Biout, les partisans de Ioulia Timochenko ne sont pas en reste. Ils courtisent sans vergogne les fractions autrefois acquises à Iouchtchenko au sein du bloc présidentiel « Notre Ukraine ». “Nous sommes prêts à l’unification des forces démocratiques en Ukraine, a déclaré le député du Biout Valeriy Pysarenko, en n’excluant pas l’arrivée de nouvelles personnalités politiques sur la liste du Biout, comme le ministre de l'Intérieur Youri Loutsenko, leader du parti « Autodéfense populaire ». Ce sont peut-être ces petits partis, en orbite présidentielle depuis trop longtemps au goût de leurs chefs, qui feront basculer les équilibres en décembre prochain.
« Pour l’instant, c’est Timochenko qui semble le plus à même de se présenter comme l’héritière de la révolution orange, analyse Olexeï Haran. Elle a aussi montré à la Russie qu’elle n’était pas une si mauvaise candidate, par sa flexibilité et son pragmatisme ces derniers jours». Elle pourrait donc bien l’emporter. Dans le cas contraire, le Premier ministre rentrera dans l’opposition et aura toute latitude pour préparer les présidentielles de l’an prochain. Cette ère « post-orange » qui s’annonce, si elle peut bouleverser l’échiquier du Parlement à court terme, se disputera donc vraisemblablement entre les éternels mêmes joueurs.
Côté radio, plusieurs papiers sur le sujet sur les antennes de Radio France et des radios francophones depuis l'annonce de la dissolution. En écoute, celui diffusé dans le journal de 12h30 de France Culture, ce jeudi 09 octobre...
Rédigé à 10h19 | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé à 08h34 | Lien permanent | Commentaires (0)
Sur RFI, lundi matin, un reportage de Camille. Téléchargement reportage_sbastopol.mp3 Egalement ici sur France culture, dans le journal de 8h.
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Le Moskva, le Miraj et le Tourbinist sont finalement de retour «à la maison», à Sébastopol. Samedi soir, Léna, femme d'officier russe, ne cachait pas sa joie: «Vous savez, c'était la première fois que nous voyions partir ces bateaux en mission, alors nous sommes très heureux de les voir rentrer. L'armée russe a fait son devoir en allant défendre ses citoyens en Ossétie.» Véritable bastion russe en territoire ukrainien, Sébastopol a donc accueilli en héros les navires de guerre de la flotte russe de la mer Noire, ayant combattu la semaine dernière les Géorgiens. Et alors que, dans la capitale ukrainienne, le président Iouchtchenko célébrait l'indépendance de son pays en baisant à genoux le drapeau ukrainien, les habitants de Sébastopol ont arboré fièrement tee-shirts et pavillons aux couleurs de la Russie. Accord jusqu'en 2017 Installée depuis 225 ans à Sébastopol, la flotte russe de la mer Noire est pourtant en sursis. Le gouvernement ukrainien ne souhaite pas prolonger l'accord signé en 1997 entre la Russie et l'Ukraine et qui autorisait une présence militaire russe à Sébastopol jusqu'en 2017. Le président ukrainien n'a cessé de vilipender l'action des navires russes de Sébastopol en Géorgie pendant toute la durée du conflit et hier, il a répété sa volonté de rattacher l'Ukraine à l'OTAN et au bloc occidental, ce qui signifie évidemment le départ de la flotte. Une politique de mise à l'index des Russes, qui exaspère chaque jour un peu plus les Sébastopolites. A l'aplomb du port, une volée de marches mène à la statue de Lénine, intacte, le bras pointant l'azur. A sa droite s'élèvent les élégants bâtiments de l'état-major russe. Un imposant dispositif policier est déployé autour d'une dizaine de manifestants. Ce sont de jeunes étudiants ukrainiens, venus de différentes régions du pays pour protester contre le retour des bateaux et plus généralement contre la présence de la flotte russe à Sébastopol. «Ce matin, des gens sont venus casser nos tentes et nos pancartes», raconte Oleg Iatsenko, régulièrement pris à partie par les habitants de la ville: «Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour de l'argent, lui crie un passant. Vous travaillez pour les Etats-Unis!» «Mon grand-père était communiste, lui répond Oleg, et ma mère est Russe...». Parfait dans son rôle de militant nationaliste pacifique, Oleg poursuit, imperturbable: «Je parle russe et ukrainien, je respecte les autres nationalités, mais tout ce qui concerne la Russie comme Etat, ce n'est pas possible. Ils ne peuvent pas rester en Ukraine ou en Géorgie et semer le trouble comme ils le font.» Quelques minutes plus tard, deux énormes camions militaires russes viennent se garer devant les étudiants et leurs drapeaux. Fin de la manifestation. Récupérer la Crimée et Sébastopol Quelques mètres plus bas, rassemblés autour de la statue de la tsarine Catherine II, fondatrice de la ville, veillent les Cosaques Kourin. Ces jeunes gens perpétuent la tradition de ce peuple de guerriers russes, qui formaient à l'époque de l'impératrice sa garde rapprochée. Aujourd'hui, l'organisation paramilitaire et pro-russe se fait forte de «garantir la paix en Crimée». Leur chef, l'attaman (chef militaire en cosaque) Sergueï Iourtchenko, ne cache pas son aversion pour les militants nationalistes installés plus haut: «Ce matin, quand nous sommes allés à l'église, nous les avons vus. C'est vrai, on a cassé leurs tentes, mais on n'a pas touché aux drapeaux, parce que nous sommes Ukrainiens nous aussi.» Pas à un paradoxe près, Sergueï confirme: «Je vais aller ce soir au concert pour la fête de l'Ukraine, pour faire mon devoir, mais vous savez ici, en Crimée, 80% des gens sont russophones et se sentent Russes. Nous attendons avec impatience que la Russie entreprenne des démarches pour récupérer la Crimée et Sébastopol.» S'ils sont ici poussés à l'extrême, les vieux démons séparatistes ont repris de la vigueur ces derniers jours, sur fond de conflit géorgien. Ralliant parfois les plus modérés, à l'image d'Irina, une Russe de 43 ans, qui a vécu toute sa vie en Ukraine: «Il y a encore quelques mois, j'étais pour l'OTAN, et je voulais même prendre un passeport ukrainien. Mais j'ai changé d'avis. L'Etat ukrainien, en soutenant le président géorgien, qui a tué des femmes et des enfants russes, a fait une grosse erreur.» Et même si, ce week-end, les habitants de Sébastopol applaudissaient chaleureusement les troupes folkloriques débarquées pour célébrer l'indépendance ukrainienne, c'est bien aux bateaux russes que l'on a fait la fête. |
Rédigé à 08h25 | Lien permanent | Commentaires (0)
Silence. Ioulia Timochenko est soupçonnée d’avoir touché un milliard de dollars en échange de la bienveillance de son gouvernement vis-à-vis de Moscou, et son silence dans le conflit géorgien. Elle aurait, toujours selon cette source, regroupé autour d’elle l’ancienne garde prorusse du pays, des oligarques proches du clan au pouvoir avant la révolution orange. Ces hommes d’affaires auraient eu pour mission d’organiser depuis Moscou la victoire de l’actuelle Premier ministre à l’élection présidentielle prévue dans un an. A la tête de ce «cabinet de l’ombre», on retrouve Viktor Medvedchuk, l’ancien bras-droit de Leonid Koutchma, l’ex-président ukrainien prorusse contre lequel Ioulia Timochenko et Viktor Iouchtchenko se sont battus en 2004.
Baptisé «projet Timochenko» par l’entourage présidentiel, cette théorie semble bien construite, mais peu étayée. «Ces accusations ne s’appuient sur rien, explique Viktoria Savostianova, analyste politique au sein de l’institut Gorshenin. Aucun fait, aucun document n’a été montré publiquement. C’est pour l’instant une hypothèse qui tourne à vide, et qui vise surtout à discréditer Ioulia Timochenko dans les sondages.»
Conflit géorgien. En effet, cela fait des mois que les deux leaders «orange», officiellement unis au sein de la coalition démocratique, s’accusent mutuellement de travailler pour les Russes. Il n’empêche que le silence de Timochenko sur le conflit géorgien accrédite la thèse présidentielle. Alors que Iouchtchenko a pris fait et cause pour Mikhaïl Saakachvili, le parrain de son fils, Timochenko a fait preuve d’un silence d’autant plus remarqué que la chef du gouvernement n’hésite pas à griller la politesse dans les médias au Président sur les questions de politique étrangère.
La pro-occidentale Premier ministre aurait-elle tourné sa veste ? Une hypothèse de nature à séduire Iouchtchenko, en berne dans les sondages. Mais Ioulia Timochenko, actuellement en vacances en Sardaigne, continue de se taire. Ses proches à Kiev dénoncent des accusations «hystériques», et notent que «Iouchtchenko lance la campagne présidentielle avant l’heure pour tenter de battre sa principale rivale». Même si le secrétariat présidentiel affirme avoir déposé devant la justice des documents prouvant ses allégations, la démission de la Premier ministre ne semble pas pour demain.
Rédigé à 13h41 | Lien permanent | Commentaires (0)
L'image de son visage rongé par la maladie est restée, dans le monde entier, comme le symbole de la Révolution Orange. Le diagnostic des médecins, empoisonnement à la dioxine, avait conforté le mythe de l'homme qui s'élève face au pouvoir criminel post-soviétique. Quatre ans plus tard, alors que le président ukrainien est de plus en plus isolé politiquement, une voix s'élève contre la thèse officielle de l'empoisonnement. Et pas n'importe laquelle : celle de David Jvania, qui était pendant la Révolution Orange le bras droit de Iouchtchenko.
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L'affaire semblait entendue, et la légende presque cousue de fil blanc : le 5 septembre 2004, en pleine campagne présidentielle, le candidat Viktor Iouchtchenko dîne avec les chefs des services secrets ukrainiens, dans la datcha de l'un d'entre eux.
Le lendemain, il tombe gravement malade, et est hospitalisé le 10 septembre dans une clinique privée autrichienne. Là, on lui diagnostique une mystérieuse et foudroyante maladie qui ravage son pancréas et son foie. Son visage, grêlé par une acnée chlorique, en garde aujourd'hui la trace, malgré plusieurs interventions chirurgicales.
Dès son retour en Ukraine, une semaine plus tard, Iouchtchenko dépose plainte pour empoisonnement. En pleine campagne présidentielle, l'affaire est bouclée faute de preuves. Elle sera relancée quelques mois plus tard, quand, élu président, Iouchtchenko fait rouvrir l'enquête. Depuis, plusieurs expertises menées par des médecins européens semblaient faire autorité pour confirmer cette thèse.
Terrorisme médiatique
Et pourtant. Depuis quelques semaines, des doutes se font entendre autour de ce qui s'était imposé comme une évidence dans l'opinion ukrainienne et les médias internationaux. David Jvania, député, oligarque d'origine géorgienne, et surtout très proche de Iouchtchenko à l'époque des faits, est devenu dans les médias ukrainiens le principal pourfendeur de la théorie de l'empoisonnement.
Il était présent lors du fameux dîner du 5 septembre. « C'est moi qui l'ai organisé », reconnaît-il. Mais « tant qu'il n'aura pas été prouvé juridiquement qu'il s'agit d'un empoisonnement, et qu'on n'aura pas établi avec certitude l'endroit et la date des faits, je ne parlerai pas d'empoisonnement, martèle l'ancien trésorier de la campagne de Iouchtchenko. En attendant, pour moi, tout cela n'est qu'une lamentable opération de terrorisme médiatique. »
Pour celui qui a été dans le dernier cercle autour de Iouchtchenko, qui est même le parrain de son plus jeune fils, les expertises médicales n'ont pas de valeur. « Aucun établissement en droit de tirer de telles conclusion n'a établi officiellement la présence de dioxine dans le corps de Iouchtchenko. Au mieux, les médecins interrogés en Europe on dit qu'un empoisonnement à la dioxine pouvait correspondre avec ses symptômes, affirme Jvania. Mais aucun document officiel ne l'atteste. »
Le mythe de l’empoisonnement
David Jvania énonce des doutes plutôt que des certitudes. C'est assez pour faire perdre patience à l'entourage du président, et à une justice toujours intimement liée au pouvoir. « Chaque politicien construit son mythe. L'homme empoisonné, c'est un élément fondamental de l'image de Iouchtchenko, analyse le journaliste d'investigation Sergiy Leschenko, qui a passé plus de 13 heures dans les bureaux des enquêteurs, juste pour avoir publié une interview de Jvania. Il semble que le secrétariat présidentiel a peur que cette affaire d'empoisonnement puisse être utilisée contre Iouchtchenko. L'année prochaine auront lieu des élections présidentielles, alors ils passent à l'action. »
L'action, pour David Jvania, consiste à faire pression, au moyen de l'enquête, sur les proches du président, et au passage sur les journalistes comme Sergiy Leschenko. « Très vite, l'enquête a dépassé les limites de la simple instruction judiciaire. C'est devenu un instrument de pression politique : les téléphones ont été mis sur écoute, plus de 500 personnes ont été inquiétées », dénonce Jvania, qui refuse à présent de répondre au « spectacle » de la justice.
« Cette enquête ne mène plus à rien, reconnaît Sergiy Leschenko. Depuis 4 ans, elle se concentre sur la thèse de l'empoisonnement à la dioxine au cours du fameux dîner à la datcha de Satsiuk, [le directeur adjoint des services secrets à l'époque] mais ils n'ont pu trouver aucune preuve, ni aucun témoignage fiable étayant cette thèse. »
Une enquête qui s'obstine et ne progresse plus, Satsiuk et d'autres participants au souper étant aujourd'hui protégés par leur nouvelle citoyenneté russe.
Suspect n°1
Il y a pourtant bien un nouvel élément qui relance l'enquête. A présent, un suspect semble désigné : David Jvania lui-même, que Viktor Iouchtchenko accuse à présent publiquement d'être impliqué dans son empoisonnement. Après tout, c'est bien lui qui a organisé le dîner du 5 septembre 2004. « Oui, mais tout cela, se défend le député, Iouchtchenko le savait depuis 4 ans, pourquoi ne l'a-t'il pas dit avant ? De plus, ses accusations partent du principe que c'est à ce dîner précisément qu'il a été empoisonné, ce qui n'a pu être formellement établi par personne. Ce jour-là, Iouchtchenko a participé à 4 repas, à 4 endroits différents avec des personnes différentes... », ajoute le nouveau « suspect n°1 ».
Les représailles semblent donc bien opportunistes. Dans le même temps, David Jvania est sous le coup d'une procédure juridique remettant en cause sa citoyenneté ukrainienne. La preuve, selon lui, qu'il dérange, dans le scénario politique imaginé par son ancien ami.
Rédigé à 09h46 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voici un article du site internet de RFI, à lire sur ce lien ou ci-dessous. C'est la retranscription d'un papier radio diffusé sur l'antenne le mardi 22 juillet.
Les photos de son visage ravagé avaient fait le tour du monde en 2004: le candidat à la présidentielle avait été empoisonné à la dioxine, selon des médecins viennois. Viktor Iouchenko a été interrogé par le Parquet mardi à titre de témoin, alors que l'enquête est longtemps restée au point mort, même si plusieurs voix ont récemment remis en cause la thèse de l'empoisonnement.
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Rédigé à 11h29 | Lien permanent | Commentaires (0)