Silence. Ioulia Timochenko est soupçonnée d’avoir touché un milliard de dollars en échange de la bienveillance de son gouvernement vis-à-vis de Moscou, et son silence dans le conflit géorgien. Elle aurait, toujours selon cette source, regroupé autour d’elle l’ancienne garde prorusse du pays, des oligarques proches du clan au pouvoir avant la révolution orange. Ces hommes d’affaires auraient eu pour mission d’organiser depuis Moscou la victoire de l’actuelle Premier ministre à l’élection présidentielle prévue dans un an. A la tête de ce «cabinet de l’ombre», on retrouve Viktor Medvedchuk, l’ancien bras-droit de Leonid Koutchma, l’ex-président ukrainien prorusse contre lequel Ioulia Timochenko et Viktor Iouchtchenko se sont battus en 2004.
Baptisé «projet Timochenko» par l’entourage présidentiel, cette théorie semble bien construite, mais peu étayée. «Ces accusations ne s’appuient sur rien, explique Viktoria Savostianova, analyste politique au sein de l’institut Gorshenin. Aucun fait, aucun document n’a été montré publiquement. C’est pour l’instant une hypothèse qui tourne à vide, et qui vise surtout à discréditer Ioulia Timochenko dans les sondages.»
Conflit géorgien. En effet, cela fait des mois que les deux leaders «orange», officiellement unis au sein de la coalition démocratique, s’accusent mutuellement de travailler pour les Russes. Il n’empêche que le silence de Timochenko sur le conflit géorgien accrédite la thèse présidentielle. Alors que Iouchtchenko a pris fait et cause pour Mikhaïl Saakachvili, le parrain de son fils, Timochenko a fait preuve d’un silence d’autant plus remarqué que la chef du gouvernement n’hésite pas à griller la politesse dans les médias au Président sur les questions de politique étrangère.
La pro-occidentale Premier ministre aurait-elle tourné sa veste ? Une hypothèse de nature à séduire Iouchtchenko, en berne dans les sondages. Mais Ioulia Timochenko, actuellement en vacances en Sardaigne, continue de se taire. Ses proches à Kiev dénoncent des accusations «hystériques», et notent que «Iouchtchenko lance la campagne présidentielle avant l’heure pour tenter de battre sa principale rivale». Même si le secrétariat présidentiel affirme avoir déposé devant la justice des documents prouvant ses allégations, la démission de la Premier ministre ne semble pas pour demain.
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