Les électeurs kirghizes se sont rendus aux urnes dimanche 10 octobre pour les premières élections législatives démocratiques organisées dans un Etat d'Asie centrale. Le taux de participation n'est pas élevé mais le scrutin s'est déroulé dans le calme et sans incident.
Avec notre correspondant à Bichkek, Camille Magnard
Il est sans doute encore trop tôt pour savoir si le scrutin de ce dimanche 10 octobre a tenu toutes ses promesses en matière de démocratisation du Kirghizistan, mais en tout cas la première d’entre elles semble déjà avoir été tenue, à savoir qu’il s’est déroulé sans violence et sans fraude massive. Le gouvernement provisoire, qui dirige le pays depuis le renversement de Kourmanbek Bakiev en avril, a tout fait pour montrer que les élections seraient les plus démocratiques que le jeune pays ait jamais connues. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, dans les bureaux de vote, l’atmosphère était plutôt détendue et saine.
L’ombre au tableau, c’est le taux de participation qui était à peine supérieur à 52% dans tout le pays. Mais là encore, on essaie de voir le bon côté des choses. Au moins contrairement à ce que l’on croyait auparavant, les taux annoncés correspondent à ce que l’on a vu comme affluence dans les bureaux de vote et ça tend à prouver que les chiffres n’ont pas été massivement truqués. Enfin le gros enjeu, c’est de dessiner le nouveau paysage politique kirghize, celui de l’après-Bakiev et là encore, on s’attend à des résultats serrés, incertains avec un Parlement à cinq ou six partis qui devraient se partager le pouvoir. C’est le signe d’élections libres et pluralistes, et ça ce n’est déjà pas rien dans l’Asie centrale postsoviétique.
Vote des minorités: l'arbitre des élections ?
La première tendance, c’est celle selon laquelle les partis dits démocrates, ceux qui composaient le gouvernement provisoire depuis avril, semblent se présenter en tête, en tout cas emporter le plus grand nombre de sièges au Parlement. Les deux grandes inconnues, c’est le score de l’ancien Premier ministre, Félix Koulov, qui a reçu le soutien officiel de la Russie dans cette campagne et qui prône le retour à un régime présidentiel fort, donc contre la tendance parlementaire qu'a pris le Kirghizistan depuis le vote d'une nouvelle Constitution. Et puis aussi, il faudra suivre le score du parti Ata Jurt, le parti des proches de Kourmanbek Bakiev, qui reste très fort dans le sud. Dernière interrogation : le vote des minorités notamment des minorités ouzbèkes du sud après les pogroms dont ils ont été victimes au mois de juin. Ces Ouzbeks sont allés voter, semble-t-il. Reste à savoir pour qui ils vont faire pencher la balance.
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