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Prestation de serment sur la Constitution et la Bible, prise de commandement des Forces armées , discours devant les délégations étrangères... Viktor Ianoukovitch devrait savourer sa journée d'investiture, ce jeudi. Quelques instants de répit protocolaire pour le vainqueur de l'élection présidentielle ukrainienne, avant d'affronter une situation politique beaucoup moins réjouissante.
Ioulia fait de la résistance
Avant toute chose, le nouveau président devra composer avec Ioulia Timochenko, sa rivale du second tour et Premier ministre: à la surprise générale, cette dernière a retiré dimanche sa plainte auprès de la Cour suprême administrative, devant laquelle elle dénonçait des fraudes électorales massives lors du deuxième tour. Abattue, pour autant, la tenace Ioulia Timochenko ? Reconnaissant que les « élections sont terminées », la dame est remontée à l'assaut lundi soir. « Comme des millions d'Ukrainiens, je déclare que Viktor Ianoukovitch n'est pas mon président », a asséné la candidate malheureuse à la télévision, fustigeant au passage le Président et ses liens étroits avec l'oligarchie ukrainienne, un des points faibles de Ianoukovitch dans l'opinion : « Nous avions pour la première fois une chance de mettre fin aux règles imposées par l'oligarchie et de redonner au pays la santé qu'il mérite. Mais ces gens-là ne nous ont pas laissé faire, ils ne vivent pas en Ukraine, ils ne font que l'exploiter. » Ioulia Timochenko a également rappelé qu'elle comptait bien rester à la tête du Gouvernement, et jouer activement son nouveau rôle d'opposante. Elle sait que le camp Ianoukovitch n'a pas, pour le moment, de majorité formelle au Parlement lui permettant de se débarrasser d'elle. Le pays pourrait donc connaître de long mois d'instabilité politique et économique. L'Ukraine aurait dû voter son budget fin 2009 et se retrouve aujourd'hui encore sans feuille de route pour l'année en cours. L'adoption du budget de l'État est également l'une des conditions sine qua none au versement de la dernière tranche du crédit accordé par Fond monétaire international, suspendue avant la présidentielle.
Querelles de chapelles
Pour l'heure, donc, Viktor Ianoukovitch profite enfin d'une investiture qui lui était passée sous le nez en 2004. Pour l'adouber, 11 chefs d'États, plus de 15 ministres des affaires étrangères, et quatre présidents de Parlement ont annoncé leur venue. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, sera elle-aussi présente aujourd'hui à Kiev, après un rapide passage à Moscou. Du côté des invités russes, pas de Poutine ni de Medvedev, mais le président du Parlement Russe, et surtout le Patriarche Kirill, chef de l'église orthodoxe de Moscou, réputé très proche du Kremlin. Sa venue et la place que Ianoukovitch lui accorde dans les cérémonies officielles ont provoqué un tollé dans la presse ukrainienne: l'Ukraine orthodoxe reste en effet profondément divisée entre le patriarcat de Kiev, défenseur d'une spécificité culturelle, linguistique et religieuse ukrainienne, et le patriarcat de Moscou, qui poursuit inlassablement ses objectifs de reconquête religieuse de la « Grande Russie ». Le président doit donc, encore une fois, répondre aux accusations de ceux qui le disent déjà soumis aux intérêts de la Russie, des critiques attisées par ses récentes déclarations concernant une possible entrée de la compagnie gazière russe Gazprom dans le réseau de gazoducs ukrainiens, et sur le maintien de la base militaire russe en terre ukrainienne, dans le port de Sébastopol. Afin de désamorcer la bombe, Viktor Ianoukovitch a donc symboliquement réservé sa première visite officielle à l'étranger à... l'Union européenne: il est attendu à Bruxelles lundi.
Mathilde Goanec.
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Auteur : Mathilde Goanec : Journaliste, correspondante en Ukraine pour les médias francophones européens
Résumé
La récente élection présidentielle ukrainienne a sonné le glas de l'époque " orange ". Viktor Iouchtchenko, président élu en 2004, a été éliminé dès le 1er tour, alors que la Premier ministre Ioulia Timochenko, ancienne égérie de Maïdan, a perdu contre le chef de l'opposition, Viktor Ianoukovitch. Le scrutin, jugé plutôt démocratique, a surtout mis en lumière le manque de stratégie à long terme et le populisme des principaux acteurs, peu diserts sur leurs solutions pour sortir le pays de la crise économique et de l'instabilité chronique dont il souffre. Sur le plan géopolitique, la victoire de Viktor Ianoukovitch signifie la reprise certaine de relations cordiales avec la Russie, sans pour autant condamner les ambitions européennes de l'Ukraine.
A l'issue du scrutin du 7 février, Viktor Ianoukovitch est devenu le 4e président ukrainien depuis l'indépendance du pays en 1991. Il a vaincu Ioulia Timochenko avec 48,95 % des votes exprimés contre 45,47 % pour la Premier ministre. Une belle revanche pour le chef de l'opposition, battu en 2004 par Viktor Iouchtchenko, au terme de la Révolution Orange. Viktor Ianoukovitch, accusé d'avoir largement manipulé les résultats des deux premiers tours en 2004, avait alors dû s'incliner au terme d'un 3e tour, chassé par une révolte populaire et colorée. Mais les batailles de pouvoir au sein de l'équipe orange, l'incapacité du duo Iouchtchenko/Timochenko à réformer en profondeur le pays, et la récente crise économique ont favorisé le retour de l'ancien paria aux affaires. Pour nombre d'experts, les résultats de cette élection présidentielle sont d'ailleurs à interpréter plus comme un vote sanction contre la Premier ministre Timochenko qu'un véritable plébiscite pour Viktor Ianoukovitch. " En 2004, c'était une vraie révolution. Il y a avait de l'émotion, les électeurs et notamment la classe moyenne votaient pour Viktor Iouchtchenko par passion ", analyse Vitali Koulik, directeur de l'Institut de recherche sur la société civile. " Cette fois-ci, ils ne croient pas plus en Ianoukovitch qu'en Timochenko. "
1.Retour sur l'élection
Pas de réelle compétition des idées
Difficile, pendant la campagne, de différencier les deux candidats sur des propositions ou des grands thèmes politiques. Nombre d'électeurs ont avoué avoir seulement choisi " le moins pire des deux ", sur des critères davantage liés à l'image qu'à l'idéologie, et donc largement influencés par une campagne médiatique omniprésente. " Si nous comparons avec les élections précédentes, c'est très différent. Avant, l'opposition n'avait aucun moyen d'avoir un accès à la télévision ou aux journaux influents ", explique Oleg Ribatchuk, ancien militant de la révolution orange. Nommé chef du secrétariat présidentiel de Viktor Iouchtchenko, il a quitté le navire dès 2006. " Aujourd'hui, cela dépend surtout de ton compte en banque ! Nous n'avons pas vu non plus cette fois-ci de manifestation massives, la campagne est devenue plus virtuelle, plus populiste aussi. Ce n'était pas une compétition des idées, '' comment sortir la crise ? '' ou '' comment positionner l'Ukraine sur la carte du monde ? '', mais plutôt des attaques personnelles entre deux adversaires ". Symbole frappant de cette absence de débat, Viktor Ianoukovitch n'a pas jugé utile d'affronter son opposante lors du débat télévisé de l'entre-deux tours. " Je pense que pour les électeurs ukrainiens, cela aurait été bien de voir les deux candidats se confronter. Car tous deux n'étaient pas réellement différents, à part dans le style, estime Nico Lange, directeur du bureau de la fondation Konrad-Adenaeur à Kiev. C'est pourquoi ces élections ne sont pas des élections-clés pour le futur de l'Ukraine, car nous n'avons pas vu dans cette campagne de vision à long terme pour le développement du pays, ce que l'on devrait attendre, selon la Constitution, du président."
Des " élections perdues " également, sur le plan des idées, pour le mouvement " Nouveau citoyen ", qui regroupe des dizaines d'ONG et intellectuels dans le pays [1]. " C'est une réponse, née au début de cette campagne présidentielle, à ce qui s'est passé il y a cinq ans, explique Oleg Ribatchuk, porte-parole de cette initiative. Nous nous sommes alors battus pour élire démocratiquement un président, les gens ont pensé que ça suffisaient et ils s'en sont lavés les mains... Mais bien sûr, cela n'a pas marché ". Le projet " Nouveau citoyen " est clair, il demande des comptes au futur président : " Nous voulons savoir ce que le président va faire, le jour d'après... Comment il va lutter contre la corruption, comment il va changer le système de santé, et nous voulons savoir quand, à quel coût, et avec quelles mesures il compte atteindre ses objectifs, explique Oleg Ribatchuk. Nous avons appris de la révolution Orange et retenu la leçon de l'élection de Viktor Iouchtchenko qui avait 52 % des suffrages en 2004, et qui a fini avec 5 % en 2010. C'est aussi une vraie leçon pour le futur président : les gens ne vont plus se contenter de belles promesses. "
Des élections jugées démocratiques selon l'OSCE
Si l'élection 2010 pêche sur le plan programmatique, un énorme progrès a pu être constaté sur le plan de la sincérité du scrutin. Loin des fraudes massives de 2004, le scrutin présidentiel a obtenu un satisfecit des observateurs internationaux sur place. Déclarées conformes aux standards européens selon l'OSCE, les élections ukrainiennes ont été, pour Assem Agov, chef de la délégation des observateurs de l'assemblée de l'OTAN, "plus démocratiques que dans bien des pays de l'ex-URSS ". Pour autant, des scandales ont émaillé la campagne, autant d'incidents qui jettent un voile sombre sur cet enthousiasme généralisé. Avec l'élection présidentielle, la corruption médiatique a pris de l'ampleur et la pratique des " djinsa " (unes, articles ou passages à la télévision payés par les hommes politiques), s'est intensifiée à un point alarmant. L'ONG Internews [2] en a d'ailleurs fait le thème de l'une de ses campagnes entre les deux scrutins, appelant à la " dignité " et la " responsabilité journalistique ". Déjà, à l'annonce des résultats du 1er tour, Heidi Tagliavini, chef de la mission d'observation de l'OSCE, avait critiqué une presse ukrainienne sous influence : "Le fait que plusieurs candidats aient eu accès à l'information parce qu'ils payaient a créé évidement une situation défavorable pour les autres. Onze candidats ont eu moins de 1 % d'accès aux médias, ce qui est un signe clair que ce n'est pas très équilibré ". Les deux candidats du 2e tour se sont particulièrement distingués par leur utilisation forcené de la sphère journalistique, à rebours de l'une des seules avancées significatives de ces cinq dernières années, attribuée au président sortant Viktor Iouchtchenko : " La supposée libérale Timochenko a aussi réintroduit des listes noires de journalistes, qui ne sont pas autorisés à assister aux conférences de presse, signale Volodymyr Yermolenko, l'un des responsables d'Internews. Les membres du Parti des régions (parti de Viktor Ianoukovitch), ce sont eux aussi fait remarquer pour leurs attaques physiques fréquentes à l'encontre des journalistes ".
Sur le plan législatif, Viktor Ianoukovitch a été également accusé de jouer avec les règles, plutôt que selon les règles. Là où le standard démocratique voudrait qu'on ne touche plus à la loi électorale un an avant le scrutin, le Parlement ukrainien, sur la demande du Parti des régions, a voté des amendements à cette loi quelques jours avant le vote. Avant le 1er tour, le parti politique de Viktor Ianoukovitch a réussi à faire passer un allègement de la procédure de vote à domicile, désormais possible sans aucun justificatif, et le rajout d'électeurs sur les listes le jour même du scrutin. Le camp de Viktor Ianoukovitch a récidivé au Parlement cinq jours avant le vote du 2e tour, en faisant voter un amendement de dernière minute à la loi électorale. Selon ce texte, le quorum des deux-tiers et la parité des deux camps dans les bureaux de vote ne sont désormais plus nécessaires pour valider les résultats. La raison affichée ? La menace de voir Ioulia Timochenko bloquer le processus électoral en demandant à ses représentants locaux de boycotter les dépouillements. Cette décision, " qui n'a pas influencé les résultats ", selon Heidi Tagliavini, a été critiquée par la communauté internationale. Sans véritablement inquiéter Ianoukovitch, dont l'un des bras droits se déclarait prêt " à changer la loi cinq minutes avant le scrutin s'il le fallait... ". Ioulia Timochenko, qui n'a toujours pas reconnue sa défaite, devrait se servir de ces failles pour contester au tribunal les résultats dans plusieurs régions, et notamment à l'est du pays, bastion de Viktor Ianoukovitch. Selon le très influent journal en ligne Ukrainska Pravda [3], la Premier ministre a assuré, lors d'une réunion de son parti, qu'elle ne reconnaîtrait " jamais la légitimité de la victoire de Ianoukovitch dans de telles élections ". Pour les députés proches d'Ioulia Timochenko, cette élection a montré " une violation de la loi ukrainienne, des pressions sur les électeurs et le déploiement d'un large arsenal de falsification par le Parti des régions ".
Enfin, difficile de ne pas mentionner l'utilisation cynique de la détresse économique d'une partie de la population lors des manifestations de soutien soi-disant " populaire " des candidats. Dans chaque meeting, des centaines d'étudiants ou retraités sans le sou avouaient être payés quelques dizaines de hryvnias pour faire le porte-drapeau ou manifester dans le froid. Un vrai business, qui montre aussi la fragilité de la démocratie à l'ukrainienne. Viktor Ianoukovitch s'est particulièrement illustré, en postant ses troupes (partiellement payées) devant la Commission électorale centrale, en plein scrutin du 2e tour et les jours qui ont suivi. Pour Nico Lange, il ne faut pas sous-estimer les dégâts symboliques qu'implique ce genre de procédés : " En clair, cela véhicule l'idée que les manifestations sont toujours des moments où vous payez des gens, qui deviennent vos instruments. Cela discrédite l'idée de véritables protestations publiques et l'expression démocratique. " Signe de la désillusion des électeurs, convaincus désormais que tout s'achète, on a également vu fleurir des propositions d'électeurs proposant leur voix au plus offrant, dans les journaux et sur internet.
Les résultats de ce scrutin révèlent une carte d'Ukraine toujours divisée
Si les résultats définitifs entre les deux candidats au 2e tour ne montrent qu'un écart de 3,5% à l'avantage de Viktor Ianoukovitch, et laisse imaginer un scrutin plutôt serré et équilibré, un coup d'oeil sur la carte de la répartition géographique des voix révèle un vote beaucoup plus polarisé, au niveau régional, entre les électorats des deux présidentiables. L'Ukraine a voté en deux blocs assez homogènes: à l'Ouest, au Nord et dans la région de Kiev, Ioulia Timochenko s'impose avec des écarts assez nets, de +10% en Transcarpathie, à +81% dans l'oblast d'Ivano-Frankivsk, bastion des ukrainiens nationalistes (la Premier ministre y récolte 88,89% des voix). Viktor Ianoukovitch l'emporte, comme en 2004, avec des scores plébiscitaires dans sa région de Donetsk (90,44%), à Lugansk (88,96%), en Crimée et sur toute la moitié Sud de l'Ukraine jusqu'à Odessa. La ligne de démarcation se situe au sud et à l'est des oblasts de Poltava et Kirovograd, deux des cinq rares régions " tampons " où l'écart entre les deux candidats n'excède pas 15%.
Au total, Ioulia Timochenko l'emporte dans 17 régions, contre 10 pour Ianoukovitch. Mais le nouveau président est élu avec une avance de plus de 900 000 voix, car il a fait le plein dans des régions très industrielles, urbanisées et peuplées de l'Est et du centre de l'Ukraine. La citadelle du vote bleu reste l'oblast de Donetsk, où 90% des votes rapportent 2,4 millions de voix à Ianoukovitch, alors qu'à Ivano-Frankivsk, Ioulia Timochenko et ses 88,89% ne représentent " seulement " que 730 000 électeurs. Le poids démographique des régions acquises à Ianoukovitch fait la différence. La participation du 2e tour, 69,15%, culmine dans les régions les plus marquées, Lviv et Ivano-Frankivsk pour Timochenko à l'Ouest, Donetsk et Lougansk à l'Est : dans chacune de ces régions, 75% des électeurs enregistrés se sont rendus aux urnes.
Rédigé à 17h54 | Lien permanent | Commentaires (0)
A peine une semaine après le second tour de l'élection présidentielle, et la victoire de Viktor Ianoukovitch, et alors que le monde entier félicite le nouveau président, sa rivale Ioulia Timochenko a annoncé officiellement qu'elle allait contester en justice les résultats de cette élection. Elle dénonce des fraudes massives, dans un scrutin pourtant jugé honnête et transparent par les observateurs internationaux de l'OSCE.
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Elle a finalement choisi la télévision pour s'exprimer. Un message officiel, en sa qualité de Premier ministre, un samedi soir en prime-time. Ioulia Timochenko met ainsi fin à six jours de silence. Six jours pendant lesquels elle a, explique-t-elle, rassemblé des témoignages, des plaintes, des preuves de fraudes. Et au final, c'est décidé, elle conteste officiellement, devant la justice, les résultats des élections présidentielles de dimanche dernier. « J'ai pris la seule décision possible », a clamé Timochenko. « Ne pas contester, cela aurait été abandonner l'Ukraine aux criminels, sans combattre ».
La candidate déchue évoque le nombre d'un million de votes qui auraient été falsifiés.. Un million de voix, c'est à peu près le nombre de voix par lequel Viktor Ianoukovitch a été donné vainqueur. En contestant ces résultats Ioulia Timochenko refuse d'accepter la victoire de son adversaire. « Ianoukovitch ne sera jamais un président légitime », attaque sa rivale.
Elle a donc repris l'initiative, elle que l'on disait hésitante ces derniers jours. Mais cinq ans après la «révolution orange», Ioulia Timochenko, cette fois, n'appelle pas les Ukrainiens à descendre dans la rue. C'est seulement par la voie légale, que la dame de fer ukrainienne compte protéger, dit-elle, la démocratie bafouée.
Pas encore officiellement désigné, le nouveau président ukrainien Viktor Ianoukovitch affiche déjà sa volonté de rapprocher l'Ukraine de son voisin russe. Dans un entretien accordé samedi 13 février 2010 à une chaîne de télévision russe, il s'est dit favorable au maintien de la flotte russe à Sébastopol. Il s'est aussi prononcé pour une amélioration des transactions gazières avec Moscou et pour la relance de l'idée d'un consortium binational chargé de la gestion des gazoducs ukrainiens.
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard.
Il n'est pas encore officiellement président et déjà Viktor Ianoukovitch met les pieds dans le plat. Lui qui, pendant toute la campagne de l'élection présidentielle, avait tenté de gommer son côté trop pro-russe accumule depuis le lundi 8 février les signaux forts envers Moscou.
Hier encore, vendredi 12 février, il s'est clairement prononcé pour le maintien de la fameuse base de la flotte russe en mer Noire, dans le port ukrainien de Sébastopol. Le contrat signé entre la Russie et l'Ukraine, court jusqu'en 2017, mais le président sortant Viktor Iouchtchenko voulait en finir avec cette base militaire russe en terre ukrainienne, et donc, ne pas renouveler ce contrat.
Les Russes, eux, tiennent à tout prix à cette base très stratégique. A leurs yeux, tant qu'ils seront là, l'Ukraine ne pourra entrer dans l'Otan comme le souhaitait Iouchtchenko. Le torchon brûlait donc ces dernières années mais Viktor Ianoukovitch semble vouloir rassurer ses partenaires russes et éteindre un à un les foyers de tensions.
Sur l'autre dossier chaud entre les deux pays, celui du gaz, le nouveau président ukrainien n'a pas non plus tardé, cette semaine, à promettre à la Russie ce qu'elle réclamait depuis des années. Gazprom devrait en effet prochainement se voir proposer des parts dans le réseau de gazoducs ukrainiens.
Rédigé à 16h45 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il a un physique de boxeur, catégorie poids-lourd, et sa taille a largement de quoi impressionner n'importe quel interlocuteur. En interview, Viktor Ianoukovich ne fait pourtant pas le fier, répétant des discours tout faits, sous l'œil attentif de ses conseillers, prêts à le reprendre à la moindre erreur. Après plus de dix ans passés dans les plus hautes sphères de la politique ukrainienne, difficile pour le leader du Parti des régions de se débarrasser de cette image de personnage mal éduqué et sans charisme qui lui colle à la peau.
Orphelin depuis l'adolescence, le jeune Viktor grandit sous l'URSS dans la région minière du Donbass, patrie du célèbre ouvrier Stakhanov. Loin des mérites du héros local, Ianoukovitch s'illustre plutôt en petit malfrat ordinaire : vol et affaires de mœurs émaillent son passage à l'âge adulte, avec en corollaire un passage par la case prison. « Des erreurs de jeunesse », dit aujourd'hui l'homme politique à longueur d'interviews, fervent partisan de la repentance publique. C'est également au cours de cette période trouble que le futur président ukrainien va nouer des amitiés rentables, le plus illustre de ses compagnons d'alors étant Rinat Akhmetov, aujourd'hui première fortune d'Ukraine et son principal financier.
Mécanicien de formation, Ianoukovitch rentre au parti communiste dans les années 80. Son passage remarqué comme gouverneur de la région du Donbass lui ouvrira les portes de la politique nationale : appelé comme Premier ministre par le président Léonid Kouchma en 2002, Viktor Ianoukovitch devient son poulain en 2004 lors des élections présidentielles. Soutenu par un régime autoritaire, Viktor Ianoukovitch est alors clairement le pantin de Moscou. C'est également le digne représentant politique du clan de Donetsk, un groupe d'hommes d'affaires constitué dans la jungle des années 90 et qui ont mis la main sur la quasi-totalité des anciennes entreprises d'État. La victoire des « oranges », symbolisée par Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko, prendra tout ce petit monde de court. Viktor Ianoukovitch, accusé de fraudes massives, semble fini.
Régulièrement moqué pour ses fautes d'orthographes et son peu de culture, Ianoukovitch est pourtant doué d'une certaine intelligence politique, qui va lui permettre de se maintenir à flots : Premier ministre en 2006-2007 puis chef de l'opposition, Viktor Ianoukovitch opère sa mue médiatique, savamment conseillé par des spin doctors américains. En quelques mois, il ravale sa haine des « oranges », se met à l'ukrainien et revoit sa copie géopolitique. « La plupart des citoyens ukrainiens se sentent proches de la Russie, par la langue,l’histoire et l’économie, explique Viktor Ianoukovitch, rencontré quelques semaines avant les élections présidentielles. Mais l'Ukraine est un pays indépendant et avoir des bonnes relations avec notre voisin est compatible avec une future intégration européenne ». Son profil de simple manager rassure face à au flamboyant Viktor Iouchtchenko, plus préoccupé par l'histoire de l'Ukraine que par la situation économique catastrophique du pays. « Ianoukovitch veut être le président de toute l'Ukraine, assure Anna Herman, sa fidèle conseillère. Vous savez, c'est le genre d'homme qui sait construire une mine, mais qui ne va pas aller dire aux Ukrainiens de telle ou telle région quel monument ils doivent fleurir ». Pourtant, malgré les discours d'apaisement, l'arrivée de Ianoukovitch à la présidence signe bien la revanche d'une certaine Ukraine. Celle, russophone, de l'Est et du Sud, humilié en 2004, qui milite pour un rétablissement de liens étroits avec Moscou. Et alors que l'usage veut que les personnalités publiques s'expriment en ukrainien qui est la seule langue officielle, Viktor Ianoukovitch a prononcé son discours de victoire, dimanche soir, en russe.
Mathilde Goanec.
1950 : Naît le 9 juillet.
1967 : est accusé de trois ans de prison pour vol, coups et blessures.
1997 : devient gouverneur de la région de Donetsk
2002 : devient pour la première fois Premier ministre de l'Ukraine, un poste qu'il retrouve en 2004 et en 2006.
2004 : 26 décembre, troisième tour de la présidentielle ukrainienne. Ianoukovitch, accusé d'avoir falsifié les deux premiers, sera vaincu par le candidat Viktor Iouchtchenko.
7 février 2010 : Viktor Ianoukovitch devient le quatrième président ukrainien depuis l'indépendance du pays en 1991.
Rédigé à 08h44 | Lien permanent | Commentaires (0)
La manifestation, organisée hier aux abords de la Commission centrale électorale, résume assez bien l'atmosphère de cette fin d'élection ukrainienne. Il y a tout d'abord les partisans de la première heure, ceux qui avaient déjà voté pour Viktor Ianoukovitch en 2004, et qui l'ont finalement porté au pouvoir dimanche, avec 48,8 % des voix contre 45,6 % pour sa rivale Ioulia Timochenko. « C'est lui que nous voulons, parce qu'il veut augmenter nos pensions et qu'il nous comprend, pas comme cette affairiste de Ioulia, explique Emilia, une retraitée de la région de Rivné, venue à Kiev pour soutenir son champion. Et puis, à quelques dizaines de mètres du cœur de la manifestation, il y a ceux qui patientent, rassemblés en colonnes compactes. Beaucoup sont payés, comme ce jeune homme au visage tuméfié qui dit attendre, en souriant, « la valise de billets ». Des citoyens prêts à vendre leur présence ou leur voix au plus offrant, symptômes vivants de cette démocratie bancale qu'est l'Ukraine. Entre ces deux extrêmes, une immense majorité d'indécis, qui bien souvent, est allée voter dimanche à reculons.
« En 2004, c'était une vraie révolution. Il y a avait de l'émotion, les électeurs et notamment la classe moyenne votaient pour Viktor Iouchtchenko (ndlr : le président sortant) par passion, analyse Vitali Koulik, directeur d'un institut spécialisé dans l'étude de la société civile. Cette fois-ci, ils ne croient pas plus en Ianoukovitch qu'en Timochenko. » En élisant le leader de l'opposition, les Ukrainiens ont clairement sanctionné le chef du gouvernement, Ioulia Timochenko, sans pour autant offrir un blanc-seing à son rival Viktor Ianoukovitch. Peu disert sur ses ambitions au lendemain du deuxième tour, ce dernier a donc joué la carte du rassemblement : « Cette victoire est le premier pas vers l'unification du pays et vers la stabilité, a lancé le chef du Parti des régions. Je ne veux pas chercher les ennemis, mais au contraire lutter contre les vrais dangers qui menacent notre pays, la pauvreté et la corruption ». Pas de référence à la Russie voisine, pour ce candidat souvent assimilé à une marionnette du Kremlin. Pas non plus de grande envolée lyrique sur le destin européen de l'Ukraine, en réponse à la frilosité de Bruxelles. Le futur président Ianoukovitch fait profil bas.
Accusé en 2004 d'avoir falsifié le scrutin présidentiel, il pourrait pourtant légitimement savourer sa victoire. Le rapport des observateurs internationaux de l'OSCE, rendu public hier après-midi, devraient passer à Ioulia Timochenko l'envie de contester les résultats : les élections ont été déclarées « honnêtes et transparentes » par l'ensemble des observateurs. « Les scénarios pessimistes que nous entendions ces derniers jours ne se sont pas réalisés, a déclaré, franchement enthousiaste, Assem Agov, l'un des observateurs de l'Otan présent sur place. Les élites politiques doivent accepter ce résultat et mettre en œuvre la transition pacifique du pouvoir ». Une transition qui s'annonce tout sauf simple, au vu de l'imbroglio politique ukrainien. Formellement, le parti de Viktor Ianoukovitch n'est pas majoritaire au Parlement, et il va donc lui être difficile d'obtenir un vote de défiance vis-à-vis de la Première ministre. Viktor Ianoukovitch prendrait également de gros risques à provoquer de nouvelles élections législatives, menacé par l'éclosion, après le premier tour, de jeunes formations politiques qui surfent sur le désir de changement des électeurs. Ioulia Timochenko pourrait donc négocier en coulisses son maintien au poste de Premier ministre, ou au contraire décider de démissionner et, forte des onze millions de voix glanées au deuxième tour prendre la tête de l'opposition. « Dans tous les cas, il ne faut pas attendre de cette élection présidentielle qu'elle ramène la stabilité politique en Ukraine », résume Nico Lange, directeur du bureau de la fondation Konrad-Adenauer en Ukraine. Mathilde Goanec
Rédigé à 09h05 | Lien permanent | Commentaires (0)
Selon les résultats à la sortie des urnes, le candidat pro-russe devancerait sa rivale Ioulia Timochenko de 3 à 5 points lors du second tour de la présidentielle. Mais la première ministre conteste les résultats et entend appeler à une manifestation populaire
Pour l’état-major de Viktor Ianoukovitch, la victoire était «définitive», dimanche soir, à l’annonce des
sondages sortis des urnes. Les premiers chiffres donnent le candidat de l’opposition devant sa rivale Ioulia Timochenko, avec entre 3,2 et 5,5 points d’écart, selon les différents instituts, soit un peu plus que les pronostics en cours à Kiev ces derniers jours.
«C’est une grosse différence», a déclaré tout sourire Boris Kolesnikov, influent député du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch. Son collègue au parlement, Nestor Choufritch, est lui aussi goguenard: «C’est un signe qui montre que les Ukrainiens veulent vivre dans un pays stable et leur volonté de sanctionner le pouvoir actuel. Vu le décalage, c’est une victoire complète.»
Les mêmes qui, il y a cinq ans, étaient accusés de fraudes massives, en appellent maintenant aux «valeurs européennes et démocratiques», pour mettre en garde Ioulia Timochenko contre ses velléités de contestation du scrutin. «Nous sommes prêts à répondre aux accusations, mais il n’est pas question de se laisser voler la victoire», a ajouté Nestor Choufritch.
Observateurs sereins
Dans le camp de Ioulia Timochenko, les accusations ont comme convenu fusé dès hier après-midi. «Dans plusieurs bureaux de vote à l’est et au sud du pays, les représentants du BYout [ndlr: le parti de Ioulia Timochenko] n’ont pas pu travailler normalement, s’est ainsi alarmé le député Alexandre Tourchinov, l’un des fidèles de la première ministre. Nous demandons donc de ne pas reconnaître les résultats dans ces régions.» Le scrutin, selon plusieurs observateurs présents dans les bureaux de vote hier, semble pourtant s’être bien déroulé.
Bien décidée à mettre la pression en cas de contestation des résultats, l’équipe de Viktor Ianoukovitch a malgré tout posté ses hommes durant toute la journée du scrutin et la nuit précédente aux endroits clés de la ville, le plus symbolique d’entre eux étant le siège de la Commission électorale, censée annoncer ce lundi soir les résultats officiels. Plus de 200 hommes, jeunes et moins jeunes, ont ainsi fait le pied de grue, sous des tentes ouvertes au vent et au froid, devant l’immense bâtiment de ladite commission. «Nous sommes là pour défendre notre candidat Ianoukovitch, pour que les élections soient justes», explique le jeune Alexandre, emmitouflé dans un blouson, un brassard aux couleurs de son champion autour du bras.
La plupart des personnes présentes savent à peine pourquoi ils sont là, et la présence de journalistes provoque systématiquement un attroupement plutôt hostile. «Si il n’y a pas de provocation, il n’y aura pas de bagarre, tempère Alexandre. On est tous des gens pacifiques.» Anna German, très proche conseillère de Viktor Ianoukovitch, appelle la première ministre à reconnaître les résultats: «Les gens ont beaucoup souffert depuis cinq ans et c’est pour ça qu’ils sont prêts à se battre. Cela va dépendre de Ioulia Timochenko, de sa réaction. Mais on ne peut pas admettre la possibilité d’une nouvelle révolution [orange].»
«Poison de la victoire»
La première ministre, elle, semble bien disposée à répéter l’expérience de 2004, et a appelé, lors d’une courte conférence de presse hier soir, son équipe «à se battre pour chaque voix», ne renonçant pas à l’idée d’une manifestation populaire. Mais la population a depuis longtemps perdu confiance dans l’élite orange et l’ancienne égérie ne peut plus guère désormais compter sur un réel soutien de la rue. «Timochenko devrait laisser Ianoukovitch boire le poison de la victoire, conseille avec ironie Oleg Ribatchuk, éminent représentant de la société civile et ancien chef du secrétariat présidentiel sous Viktor Iouchtchenko. Aujourd’hui, ils se battent pour obtenir le job de leurs rêves, mais le cauchemar pour le futur président ne fait que commencer. Le niveau de confiance de la population est très bas et les candidats ont fait tant de promesses lors de la campagne qu’il va falloir désormais être très convaincant pour ne pas être mis dehors.»
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Ambiance, au sein de l'état-major de Viktor Ianoukovitch, sur RFI :
On fête la victoire chez Ianoukovitch
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Ici on peut écouter un papier diffusée au lendemain du second tour sur la Radio Suisse Romande
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Et quand la voix de Camille fait de la télé, un peu plus tôt dimanche, c'est sur TV5 monde...
Rédigé à 09h04 | Lien permanent | Commentaires (2)
Voici un petit aperçu du dernier meeting de campagne des candidats, diffusé samedi matin par France Info. Plus de détails sur la page de France Info consacrée aux élections ukrainiennes...
Et en images (animées), le dernier meeting de Viktor Ianoukovitch ... c'est la "fin de l'époque orange et le moment de construire un pays fort " pour le candidat de l'opposition (notez qu'une partie des manifestants que vous voyez sur l'image étaient payés... On relativise donc l'enthousiasme).
Rédigé à 17h56 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le ministre de l'Intérieur limogé, des affiches qui appellent à « dénoncer les fraudes » par téléphone, des dizaines de tentes aux couleurs du candidat Ianoukovitch devant la Commission électorale, la Présidence ou le Gouvernement... La pression est montée d'un cran à Kiev, à quelques jours seulement du deuxième tour des élections présidentielles ukrainiennes. Les deux camps dénoncent avec force les fraudes massives que prépareraient leur rival, alors même que selon les observateurs internationaux, le premier tour s'est déroulé de façon quasi-exemplaire. « Tout est question de rhétorique, affirme Nico Lange, directeur du bureau ukrainien de la fondation Konrad-Adenauer. Je pense personnellement que le deuxième tour sera également équitable et transparent mais nous sommes dans la construction d'un discours, destiné à préparer l'opinion ukrainienne et internationale à une bataille autour des résultats des élections. » Au sein de l'Etat-major du favori, Viktor Ianoukovitch, l'heure est déjà à l'élaboration des scénarios de l'après-scrutin et les coups pleuvent pour déstabiliser l'adversaire Timochenko. La semaine dernière, Ianoukovitch a savamment retourné le Parlement, ralliant dans une coalition de circonstance certains députés proche de l'actuel Président Viktor Iouchtchenko. Fort de cette nouvelle majorité, le chef de l'opposition a réussi à limoger le Ministre de l'intérieur, un poste clé en cas d'éventuelles protestations. Mercredi, il a également fait voter un dernier amendement à la loi électorale, quatre jours seulement avant le scrutin: selon ces nouvelles règles du jeu électoral, le quorum des deux tiers et la parité des deux camps dans les commissions électorales locales ne seraient plus nécessaires pour valider les résultats. Timochenko depuis, agite la menace, peu crédible, d'une nouvelle révolution orange : « On change en quelques jours toutes les règles du jeu, a déclaré hier la Premier ministre. Cela ouvre la voie à une falsification complète du vote. Après cette loi on ne peut simplement plus parler d'élections démocratiques ». Pour le politologue Petro Burkovski, analyste à l'institut de recherche stratégique de Kiev, « cette loi est une simple façade légale. Pour falsifier les résultats, il faut pousser les membres des commissions électorales à les maquiller. Il y a dans les deux camps des personnes qui ont un passé criminel et qui peuvent se charger de ce genre de procédés. Mais tous ont besoin d'un cadre qui permette de donner un aspect légal à ces manœuvres...»
Si Ianoukovitch abat ses cartes en coulisses, Timochenko, distancée de 10 points au premier tour, se démène sur le devant de la scène. « Timochenko est celle qui doit convaincre, et sa position n'est pas confortable, assure Nico Lange. Alors que le but de Ianoukovitch n'est pas de gagner de nouveaux électeurs, mais simplement de mobiliser ceux qui sont déjà pour lui. » Le chef de l'opposition s'est même offert le luxe de snober le grand débat télévisé diffusé mardi soir sur la chaîne nationale, conscient de ses faiblesses oratoire face à la très télégénique Premier ministre. Ioulia Timochenko a donc monologué pendant deux heures, face à un pupitre vide, ne manquant pas au passage de moquer son adversaire, qualifié de « poltron ordinaire ». Un ultime acte de bravoure, avant le jour J. « Le résultat va être extrêmement serré, prédit Oleg Ribatchuk, ancien chef du secrétariat présidentiel et éminence grise de la société civile. Je pense que le plus intéressant, ce n'est pas qui va gagner, mais comment le perdant va réagir. Ni l'un ni l'autre n'ont de réels soutiens populaires. A contester les résultats à tout prix, il y a un grand risque à perdre définitivement sa réputation ».
Rédigé à 09h37 | Lien permanent | Commentaires (0)
A quelques jours du second tour de l'élection présidentielle en Ukraine, ce lundi 1er février avait lieu le grand débat télévisé entre les deux candidats, Ioulia Timochenko et Viktor Ianoukovitch. Ce rendez-vous était très attendu par les Ukrainiens, alors que le scrutin s'annonce très incertain dimanche. Mais voilà, le débat s'est transformé en tribune libre pour la Premier ministre Timochenko, son opposant ne s'est tout simplement pas présenté sur le plateau.
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Sur la première chaîne nationale, en prime-time, l'image est saisissante : d'un côté, il y a Ioulia Timochenko, robe noire et tresse blonde éternellement enroulée autour du crâne. Et de l'autre... il n'y a qu'un pupitre vide, sur lequel zoome de temps en temps la caméra.
Ce pupitre c'est celui de Viktor Ianoukovitch, le grand vainqueur du premier tour de la présidentielle, et favori du second, dimanche. Ianoukovitch qui s'est décommandé au dernier moment, quelques heures seulement avant le direct.
Faute d'adversaire, la Premier ministre s'est donc retrouvée à débattre toute seule, récupérant au passage le temps de parole de son rival. Quatre-vingt-six minutes durant lesquelles elle a parlé sans interruption, face caméra, avec son regard déterminé et son débit de parole presqu'hypnotique.
C'est donc un beau cadeau qu'a fait malgré lui Viktor Ianoukovitch à son adversaire. On le disait, depuis plusieurs semaines, c'était lors du débat que Ianoukovitch pouvait perdre la présidentielle. Lui, le piètre orateur, le russophone dont on moque souvent la diction hésitante et l'Ukrainien mal assuré, il a préféré ne pas venir, plutôt que d'affronter une Ioulia Timochenko qu'il accuse de « déverser des torrents de calomnies et d'immondices ».
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