Ioulia Timochenko passe à l'offensive
A peine une semaine après le second tour de l'élection présidentielle, et la victoire de Viktor Ianoukovitch, et alors que le monde entier félicite le nouveau président, sa rivale Ioulia Timochenko a annoncé officiellement qu'elle allait contester en justice les résultats de cette élection. Elle dénonce des fraudes massives, dans un scrutin pourtant jugé honnête et transparent par les observateurs internationaux de l'OSCE.
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Elle a finalement choisi la télévision pour s'exprimer. Un message officiel, en sa qualité de Premier ministre, un samedi soir en prime-time. Ioulia Timochenko met ainsi fin à six jours de silence. Six jours pendant lesquels elle a, explique-t-elle, rassemblé des témoignages, des plaintes, des preuves de fraudes. Et au final, c'est décidé, elle conteste officiellement, devant la justice, les résultats des élections présidentielles de dimanche dernier. « J'ai pris la seule décision possible », a clamé Timochenko. « Ne pas contester, cela aurait été abandonner l'Ukraine aux criminels, sans combattre ».
La candidate déchue évoque le nombre d'un million de votes qui auraient été falsifiés.. Un million de voix, c'est à peu près le nombre de voix par lequel Viktor Ianoukovitch a été donné vainqueur. En contestant ces résultats Ioulia Timochenko refuse d'accepter la victoire de son adversaire. « Ianoukovitch ne sera jamais un président légitime », attaque sa rivale.
Elle a donc repris l'initiative, elle que l'on disait hésitante ces derniers jours. Mais cinq ans après la «révolution orange», Ioulia Timochenko, cette fois, n'appelle pas les Ukrainiens à descendre dans la rue. C'est seulement par la voie légale, que la dame de fer ukrainienne compte protéger, dit-elle, la démocratie bafouée.
Ianoukovitch multiplie les signaux forts envers Moscou
Pas encore officiellement désigné, le nouveau président ukrainien Viktor Ianoukovitch affiche déjà sa volonté de rapprocher l'Ukraine de son voisin russe. Dans un entretien accordé samedi 13 février 2010 à une chaîne de télévision russe, il s'est dit favorable au maintien de la flotte russe à Sébastopol. Il s'est aussi prononcé pour une amélioration des transactions gazières avec Moscou et pour la relance de l'idée d'un consortium binational chargé de la gestion des gazoducs ukrainiens.
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard.
Il n'est pas encore officiellement président et déjà Viktor Ianoukovitch met les pieds dans le plat. Lui qui, pendant toute la campagne de l'élection présidentielle, avait tenté de gommer son côté trop pro-russe accumule depuis le lundi 8 février les signaux forts envers Moscou.
Hier encore, vendredi 12 février, il s'est clairement prononcé pour le maintien de la fameuse base de la flotte russe en mer Noire, dans le port ukrainien de Sébastopol. Le contrat signé entre la Russie et l'Ukraine, court jusqu'en 2017, mais le président sortant Viktor Iouchtchenko voulait en finir avec cette base militaire russe en terre ukrainienne, et donc, ne pas renouveler ce contrat.
Les Russes, eux, tiennent à tout prix à cette base très stratégique. A leurs yeux, tant qu'ils seront là, l'Ukraine ne pourra entrer dans l'Otan comme le souhaitait Iouchtchenko. Le torchon brûlait donc ces dernières années mais Viktor Ianoukovitch semble vouloir rassurer ses partenaires russes et éteindre un à un les foyers de tensions.
Sur l'autre dossier chaud entre les deux pays, celui du gaz, le nouveau président ukrainien n'a pas non plus tardé, cette semaine, à promettre à la Russie ce qu'elle réclamait depuis des années. Gazprom devrait en effet prochainement se voir proposer des parts dans le réseau de gazoducs ukrainiens.
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