La Confédération européenne des syndicats (CES) appelle à une nouvelle manifestation européenne, le 14 novembre prochain, contre les mesures d’austérité mises en œuvre par les dirigeants de l’Union. Une énième tentative de fédérer à un échelon supérieur les salariés, nombreux à participer aux mouvements de protestations qui fleurissent à travers toute l’Europe.
Ils manifestent partout, depuis des mois. Ils étaient dans la rue à Madrid, Lisbonne, Athènes, Rome et même à Londres samedi dernier, où des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour protester contre les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement britannique. Le 14 novembre prochain, les citoyens européens devraient cette fois-ci défiler ensemble, des quatre coins de l’Union, unis sous la même banderole. L’appel a été lancé par la Confédération européenne des syndicats [1], qui a récemment rédigé un manifeste pour un « contrat social » en Europe. Il se base sur le refus des seules politiques d’austérité, et sur la définition d’un nouveau cap, articulé autour du « dialogue social et des négociations collectives, de la gouvernance économique pour une croissance et des emplois durables et de la justice économique, fiscale et sociale ». Vaste programme, à l’heure où l’assainissement des finances publiques semblent être le seul credo des Etats européens et de la Commission. La CES, habituée à jongler avec la pensée libérale qui imprègne actuellement les institutions européennes, s’appuie donc avec malice dans le texte de son appel sur le mea culpa du Fond monétaire international pour tenter d’infléchir la Commission : « le FMI reconnaît, aujourd’hui, qu’il a fait de graves erreurs dans ses calculs concernant les conséquences des mesures d’austérité sur la croissance. Ces erreurs ont un impact incalculable sur la vie quotidienne des travailleurs et des citoyens que la CES représente, et remettent en cause le fondement des mesures d’austérité avancées par le pacte budgétaire et imposées par la Troïka. »
En France, vers un consensus syndical
Sur le mode d’action, l’Espagne et le Portugal ont déjà testé ces
dernières semaines le concept de la « manifestation ibérique », soucieux
de rassembler large et de peser sur les décisions budgétaires de part
et d’autre de la péninsule. A Athènes, des militants de toutes les
nationalités se pressent pour soutenir l’un des peuples les plus
durement touchés par les conséquences socio-économiques de la crise. On a
aussi vu en Allemagne, début octobre, le dirigeant de la coalition de
la gauche radicale hellénique, Alexis Tsipras, tenir la vedette lors
d’une manifestation des syndicats et partis d’opposition allemands, en
lutte pour une meilleure redistribution des produits de la croissance...
Une plus grande convergence des forces syndicales et politiques
européennes semble donc désormais actée.
En France, les syndicats, jusqu’ici divisés sur l’attitude à adopter vis-à-vis du pacte budgétaire voté au Parlement le 9 octobre dernier,
devraient également se mettre d’accord pour participer largement à
cette journée d’action européenne. Une intersyndicale devrait se tenir
la semaine prochaine sur le sujet.
Pousser l’action à 27
Reste à démontrer l’efficacité de ce type de mouvement ponctuel pan-européen. Plus de 25 euro-manifestation ont été organisées depuis 1993, selon la CES, et nombre d’entre elles n’ont pas eu le succès escompté, d’autant qu’elles peinent à rassembler à parts égales les européens de l’est et de l’ouest. Contestée nationalement en tant que mode opératoire, la simple manifestation, relativement inoffensive, montre aussi ses limites. Le Portugal, l’Espagne et la Grèce se sont d’ailleurs déjà mis d’accord : le 14 novembre, les salariés ne se contenteront pas de tracts et de fumigènes... Les principaux syndicats des trois pays ont lancé parallèlement un appel à la grève générale.
Notes
[1] La CES regroupe 85 organisations syndicales dans 36 pays européens ainsi que 10 fédérations sectorielles.
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