Le second tour aura lieu le 7 février.
Kiev, de notre correspondante.
Ces résultats, qui devraient être précisés ce lundi à midi par la Commission centrale électorale, sonnent le début d’une bataille acharnée entre les deux tours. « En effet, le principal enseignement, c’est que l’écart est faible entre les deux favoris, analyse Irina Bekechkina, directrice de la Fondation pour l’initiative démocratique. On estimait que si l’écart entre Ianoukovitch et Timochenko s’élevait à moins de 10 %, le Premier ministre multipliait ses chances de l’emporter au second tour ».
Toute la journée de dimanche, c’est pourtant la défiance vis-à-vis des deux principaux candidats qui régnait dans les bureaux de vote. Dans l’enceinte du lycée du Podol, au bureau de vote numéro 1, les électeurs se suivaient, la longue liste présidentielle à la main. Dimitri, un jeune docteur, a ignoré les mastodontes de la campagne : « J’ai voté pour un petit candidat, même s’il n’a pas de chance d’aller au deuxième tour. Pas question de choisir entre Timochenko et Ianoukovitch, tous les deux mauvais. Et au deuxième tour, je voterai contre tous » (une disposition autorisée par la loi électorale ukrainienne).
Méfiance aussi, dans un bureau de vote du quartier populaire de Svietochin, face aux candidats de première catégorie. Andrisienko Anatoli, ancien ouvrier dans une usine d’aéronautique, a voté pour les communistes. Sa femme Ludmila a choisi Gritsenko, ancien ministre de la Défense : « Je suis pour les communistes, parce que je ne veux pas que le pouvoir soit aux mains des oligarques. Ils ont pris tout l’argent du peuple pour l’envoyer à l’étranger et nous, on reste ici sans un sou ». Ludmila opine du bonnet : « Les deux autres, Timochenko et Ianoukovitch, on les a déjà vus à l’œuvre et ils n’ont rien fait… » Au second tour, le couple votera également « contre tous ». Reste les convaincus d’avoir voté « utile » : « Sans hésitation, j’ai voté pour Viktor Fédérovitch Ianoukovitch, confie Anatoli Afanassiev, un homme d’une cinquantaine d’années. La révolution orange de 2004, c’était simplement la victoire des émotions ».
Tous espèrent que le scrutin sera « propre, pas comme la farce de 2004 », comme le rappelle Alexandre, 25 ans. Car, comme convenu, les premières réclamations ont émaillé la journée d’hier, chaque camp accusant l’autre de falsifications.
Chez Timochenko, on se plaint de la facilité avec laquelle nombre d’électeurs ont pu voter à domicile, sans avoir à présenter de documents prouvant leur incapacité à se déplacer dans les bureaux de vote – ce qui rend plus difficile les contrôles. Une manœuvre commanditée grâce aux appuis de Ianoukovitch à la Commission centrale électorale, selon l’entourage de Timochenko, qui a échoué à retoquer la loi électorale en début de semaine auprès du Parlement.
Devant ses manœuvres visant à « discréditer » le candidat de l’opposition, selon l’une de ses plus proches collaboratrices, Anna German, l’état-major de Ianoukovitch a contre-attaqué en fin de journée. Les accusations ont fusé contre le Premier ministre, soupçonnée d’être mêlée à l’arrivée de centaines de faux « observateurs électoraux » géorgiens (réputés plus favorables à Timochenko), responsables de troubles dans les bureaux de vote du Donbass, une région pro-Ianoukovitch.
La responsable du petit bureau de Svietochin, Galina, assurait quant à elle que le vote était étroitement surveillé par la présence équitable des différents partis. « S’il y a des fraudes, ça ne se fait pas ici, mais à un niveau plus haut », concédait la responsable de bureau de vote.
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