Avec un rendement en hausse 24 % cette année, le pays devrait être en mesure de quadrupler ses exportations de céréales.
« Depuis l’indépendance, nous n’avons jamais connu une moisson pareille, se réjouissait Ioulia Timochenko, le Premier ministre ukrainien, au début du mois d’août. 75 % des terres du pays ont été moissonnées, et nous avons déjà récolté 33,5 millions de tonnes de céréales ». Après plusieurs années de vaches maîgres en Ukraine, avec notamment une récolte catastrophique l'an dernier, les chiffres 2008 battent en effet tous les records. Pour exemple, au 1er août, 4 495 000 hectares de blé avaient été moissonnés et la production a atteint plus de 16 millions de tonnes, avec un rendement de 3,68 tonnes par hectare. C’est 24 % de mieux qu'en 2007.
Du côté des exportateurs aussi on se frotte les mains, d’autant plus que l’Ukraine a finalement levé, en mai dernier, ses quotas à l’exportation, sous la pression de l’OMC (1). Le pays devrait donc être capable d’exporter 16 millions de tonnes de céréales cette année, contre 4 millions l’an passé. Selon Volodimir Klymenko, à la tête de l’Union des producteurs de céréales, il devrait s'agir de 7 millions de tonnes de blé, 4 à 6 millions de tonnes d’orge, 2,5 à 3 millions de tonnes de mais et 1 million de tonnes de céréales diverses.
Freins structurels
Malgré ces résultats encourageants, le pays fait face à d’importants problèmes structurels qui l’empêchent de profiter à fond de cette récolte exemplaire. Les silos vont en mauvais état et en nombre insuffisant. Pour tenter d'y remédier, le gouvernement a annoncé qu’il s’engageait à construi de de nouveaux silos, et à compenser les taux d’intérêts pour les compagnies ou les acteurs privés qui se lanceraient eux aussi dans la construction. Autre difficulté, « les ports ukrainiens ont une capacité d’export de 26 millions de tonnes de grain par saison, rappelle Volodimir Klymenko. Mais le manque de transports ferroviaires limite le volume de céréales transporté à 18 millions de tonnes, en comptant l’exportation et le marché intérieur ». De lourds investissements restent donc à faire pour faire « du blé une question nationale », comme l’a déclaré Ioulia Timochenko le 6 août dernier et plus largement, pour optimiser les capacités d’exportation de céréales de l’Ukraine.
Mathilde Goanec.
(1) L’Ukraine est entrée officiellement à l’OMC le 5 février 2008.
Les prix à la baisse
Les prix des céréales sur le marché intérieur devraient enfin baisser, après une inflation record qui a sérieusement affectée la population. L'Ukraine est le pays européen qui a été le plus touché par la hausse des prix ces derniers mois, et notamment sur les produits de première nécessité comme le pain et l’huile (+ 42 % en 12 mois). Suite à l’annonce de cette bonne récolte, les négociants ont eux aussi ralenti leurs achats en prévision d’une baisse encore plus significative des prix dans les mois à venir.
J'en connais qui ont déjà dû lire cet article grâce à leur abonnement,
et qui viennent de grossir leur collec'
chouette, merci Mathilde :)
Rédigé par : Elo | lundi 13 oct 2008 à 19h36