Rassemblés autour d'un monument soviétique célébrant la glorieuse ville de Minsk, plusieurs milliers de Biélorusses célébraient, dans la nuit de jeudi à vendredi, la fête de l'Indépendance du pays. C'est lors du concert en plein air organisé par les autorités que la bombe a explosé, blessant une cinquantaine de personnes, dont certaines grièvement. Sur le sol reste un énorme cratère, jonché de vis et de boulons. Alexandre Loukachenko, qui dirige d'une main de fer la Biélorussie depuis 1994, était présent sur place, mais il n'a pas été blessé. Pour l'heure, la police a ouvert une enquête criminelle pour «hooliganisme» et a commencé l'analyse des fragments de la bombe. Elle a également déclaré avoir trouvé un deuxième engin explosif, non loin du premier attentat, intact. Selon des témoins, le concert ne s'est pas arrêté après l'explosion. C'est en musique que la zone de l'attentat a été déclarée interdite et que les blessés ont été évacués par ambulance vers les différents hôpitaux de la ville. Vendredi, en guise de communication, les autorités ont simplement fait passer quelques messages enregistrés sur les télévisions et radios officielles, alors que des photos de l'attentat étaient disponibles sur les quelques sites d'information indépendants du pays. Une gestion de crise dans la droite ligne des déclarations de la police, qui a affirmé que ceux qui voulaient «gâcher la fête ne gagneront pas». Pour autant, une grande partie de la capitale a été bouclée toute la journée vendredi, en raison de l'enquête. Dans la capitale, les spéculations vont bon train, alimentées par le climat politique délétère qui règne dans le pays avant les élections législatives, prévues en septembre prochain. Dans une interview accordée au quotidien biélorusse Komsomolskaya Pravda la veille de l'attentat, le discours du président autoritaire avait des accents de prédication: «Il y aura des troubles, des manifestations, et peut-être même des massacres et des explosions.»
«Hooliganisme» Très vite, l'opposition a réagi publiquement, pour anticiper les éventuelles accusations d'implication dans cet attentat: «Indépendamment de qui a organisé et exécuté cet attentat, le résultat est le même: il crée de la peur... Et les autorités n'ont pas leurs pareilles pour agiter les passions afin d'entamer les élections dans un climat qui leur est favorable, a déclaré Anatoli Lebedko, l'un des leaders de l'opposition, à l'agence de presse Ria Novosti. Maintenant, toutes les actions du gouvernement - censure sur Internet, poursuites et détentions - vont être justifiées par la lutte contre le hooliganisme.»
Mathilde GOANEC |
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