Mathilde Goanec, Kiev
Samedi 17 mai 2008
Samedi 17 mai 2008
Utilisé depuis des mois par l'opposition pour exprimer son mécontentement, le blocage du parlement est en passe de devenir le sport favori des députés ukrainiens. Pendant trois jours, l'un des partis de la majorité, le Bloc Ioulia Timochenko (BIouT), s'est emparé de la tribune, empêchant ainsi toute activité au sein de la vénérable institution. Vendredi, les députés contestataires ont finalement obtenu gain de cause, avec la mise à l'agenda parlementaire de trois lois «anti-inflation». Il y a urgence, car la hausse des prix à la consommation s'élève à plus de 30%.
Réforme de la Constitution
Par cette action spectaculaire, les députés du parti de la première ministre ont aussi mis au grand jour les discordes qui gangrènent depuis des mois la coalition orange, que forme le Bloc avec Notre Ukraine, le parti du président Viktor Iouchtchenko. Car si celui-ci a cédé sur l'inflation, il n'a rien lâché concernant l'autre grande revendication du BIouT portant sur la réforme de la Constitution, prévue pour cette année. Ioulia Timochenko estime que le président est en passe de se tailler une Loi fondamentale sur mesure, en augmentant le pouvoir du chef de l'Etat au détriment du parlement. «Ioulia Timochenko a une position très ambiguë là-dessus, estime Ivan Preniakov, politologue au Centre international d'études politiques à Kiev. Elle a longtemps réclamé un personnage fort à la tête du pays, mais elle sait son intérêt à rester à la tête du gouvernement avec des pouvoirs étendus. Elle se bat donc maintenant pour un régime parlementaire.»
En filigrane, derrière ce blocage du parlement et les déclarations assassines, c'est aussi une réelle recomposition du paysage politique qui se joue dans les coulisses du pouvoir. Toutes les alliances, même les plus improbables, semblent aujourd'hui possibles, à l'image de l'opération séduction menée autour du Parti des régions. Ce dernier est dirigé par Victor Ianoukovitch, que Ioulia Timochenko et le président ont combattu ensemble lors de la Révolution orange. Lors d'un meeting cette semaine à Kiev, la première ministre a laissé entendre qu'une coopération tactique avec le Parti des régions était envisageable sur la question constitutionnelle. Elle a aussi mis en garde le président: «Je l'ai averti que si les choses continuaient comme ça, je ne pourrais être plus longtemps un partenaire et un allié.»
«Le système actuel ne marche pas, concède Ivan Preniakov, car les deux leaders orange ne peuvent pas cohabiter tant la compétition entre eux est forte. Mais aux yeux de la population, ils doivent rester ensemble, au nom de ce qui s'est passé pendant la révolution.» Une analyse partagée au sein de Notre Ukraine, où l'on sait que le président a besoin de la popularité de Ioulia Timochenko. Pour dénouer la crise au sein de la majorité, la solution pourrait passer par l'organisation d'élections anticipées, les troisièmes en trois ans, mais elles n'auront lieu que si une nouvelle Constitution est adoptée. Les deux «orange» sont donc condamnés à s'entendre, pour exister.
Par cette action spectaculaire, les députés du parti de la première ministre ont aussi mis au grand jour les discordes qui gangrènent depuis des mois la coalition orange, que forme le Bloc avec Notre Ukraine, le parti du président Viktor Iouchtchenko. Car si celui-ci a cédé sur l'inflation, il n'a rien lâché concernant l'autre grande revendication du BIouT portant sur la réforme de la Constitution, prévue pour cette année. Ioulia Timochenko estime que le président est en passe de se tailler une Loi fondamentale sur mesure, en augmentant le pouvoir du chef de l'Etat au détriment du parlement. «Ioulia Timochenko a une position très ambiguë là-dessus, estime Ivan Preniakov, politologue au Centre international d'études politiques à Kiev. Elle a longtemps réclamé un personnage fort à la tête du pays, mais elle sait son intérêt à rester à la tête du gouvernement avec des pouvoirs étendus. Elle se bat donc maintenant pour un régime parlementaire.»
En filigrane, derrière ce blocage du parlement et les déclarations assassines, c'est aussi une réelle recomposition du paysage politique qui se joue dans les coulisses du pouvoir. Toutes les alliances, même les plus improbables, semblent aujourd'hui possibles, à l'image de l'opération séduction menée autour du Parti des régions. Ce dernier est dirigé par Victor Ianoukovitch, que Ioulia Timochenko et le président ont combattu ensemble lors de la Révolution orange. Lors d'un meeting cette semaine à Kiev, la première ministre a laissé entendre qu'une coopération tactique avec le Parti des régions était envisageable sur la question constitutionnelle. Elle a aussi mis en garde le président: «Je l'ai averti que si les choses continuaient comme ça, je ne pourrais être plus longtemps un partenaire et un allié.»
«Le système actuel ne marche pas, concède Ivan Preniakov, car les deux leaders orange ne peuvent pas cohabiter tant la compétition entre eux est forte. Mais aux yeux de la population, ils doivent rester ensemble, au nom de ce qui s'est passé pendant la révolution.» Une analyse partagée au sein de Notre Ukraine, où l'on sait que le président a besoin de la popularité de Ioulia Timochenko. Pour dénouer la crise au sein de la majorité, la solution pourrait passer par l'organisation d'élections anticipées, les troisièmes en trois ans, mais elles n'auront lieu que si une nouvelle Constitution est adoptée. Les deux «orange» sont donc condamnés à s'entendre, pour exister.
Ce sujet a également fait l'objet d'un article dans le quotidien belge Le Soir, et d'un papier radio sur la RTBF, www.rtbf.be .
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