Pas beaucoup de nouvelles sur cette partie-la du blog ces derniers temps, mais n'allez pas croire qu'on perde le pli.
Apres la semaine derniere riche en emotions, actualites et aussi en soirees passees souvent jusqu'a une ou deux heures du matin sur internet, nous avons sans doute eu besoin de lever un peu le pied du clavier...
Professionnellement, il n'est pas non plus facile de rebondir apres la "tempete" de la semaine passee. Petit a petit, on remet en route les projets laisses en plan pour cause de revolution annoncee, mais tout cela prendra du temps... Bref, difficile de passer de l'instantaneite grisante et stressante de l'actu "chaude" au travail d'investigation, preparation et documentation necessaire pour les sujets plus fouilles.
Ceci etant dit, la semaine qui se termine nous aura encore reserve pas mal de belles surprises. On commence dimanche, avec une invitation a diner chez le parents de notre ami Bakyt. Difficile de decrire la table de la salle a manger sous laquelle nous avons timidement glisses nos pieds d'invites: pas un centimetre carre qui ne soit recouvert par un plat, une salade, une preparation raffinee de viande ou de legumes, des fruits secs, bonbons, pain... Impressionnant ! Nous avons donc pu confirmer ce que nous avions deja experimente de l'incroyable hospitalite des familles d'ici, et repousser les limites de notre capacite d'ingurgitation. La table debordante de plats ne constituait que la mise en bouche, et suivirent mantis, gros raviolis de viande, laghmans, pates dans un bouillon de legumes epice, et Bish Parmak, autrement dit tout le reste de la viande du mouton egorge pour l'occasion. Accompagne de pates, la encore. Mais la, personne ne peut plus rien avaler, donc la coutume veut qu'on ramene chez soi ce qu'on a pas pu finir. A offrir a ses amis, voisins, proches... Une excellente, succulente et chaleureuse soiree en compagnie des cousins, oncles et tantes de nos amis, on a meme fini, la vodka aidant, a chanter du Joe Dassin...
Autre fete, autres rites, nous avons decouverts lundi matin une yourte, montee dans la nuit sur la bande d'herbe devant notre immeuble. Curieux, on se renseigne: il s'agit d'une vieille dame de l'immeuble voisin qui vient de mourir. La tradition veut que sa famille venue du village amene la yourte ou l'on veillera la defunte pendant trois jours. Gros attroupements donc les jours suivant dans le voisinage, jusqu'a jeudi ou la tente mortuaire a ete demontee. Seul reste de ce moment un cercle d'herbe couchee et un alignement de pierres rondes, tracant sur le sol l'endroit, sans doute, ou etait allongee la "babouchka"...
Laissant notre vie trepidante de reporters, nous avons repris, fin des vacances oblige, la blouse de professeurs. A l'ecole, de la grande salle des spectacles, le piano nous a fait entendre un air etrangement familier: les Choristes, eux-memes, ont envahi l'ecole 26 de Bichkek. C'est bien la BO du film qu'apprennent les (excellents, au demeurant) petit chanteurs kirghizes pour leur spectacle de fin d'annee ! Vois sur ton chemin... ou presque: faute de comprendre le francais, les profs de chant apprennent la partition a leurs eleves en phonetique. Mais pour le bien du rayonnement de la grande culture francaise, on s'est devoue pour leur donner un coup de main. On pensera ce qu'on veut du phenomene "Choristes" et de la musique, mais au moins, les paroles ( aussi mievres et insensees que le film, soit dit en passant) ne seront pas ecorchees lors du spectacle !
Derniere petite decouverte de cette semaine, un etrange atelier. La bibliotheque nationale de Bishkek, c'est un imposant edifice public sovietique, tendance grosses colonnes rouges et portraits de bolcheviks en medaillons sur la facade. Tout y est monumental, pompeux et froid. Mais si l'on contourne le grand escalier exterieur pour prendre une discrete porte sur le cote, on descend douze marche mal eclairees, poussiereuses, et l'on debouche apres un long couloir encombre sur une porte, portant ecriteau "ouvert". C'est la, dans les caves de la bibliotheque, qu'une dizaine d'ouvriers fabriquent des cadres de toutes sortes, brillants et ouvrages, simples, metalliques... On passe commande, en meme temps qu'une elegante dame russe qui denote mais semble tres a l'aise dans ce lieu insolite. Il semblerait que ce genre d'ateliers soit courant dans la ville, et connu de tous les habitants de Bishkek. C'est en poussant la porte de ce genre d'endroits qu'on se dit qu'on commence a percer le secret de cette ville...
Pas de photos cette semaine. Que voulez-vous, plus on s'installe, et moins notre regard passe par l'objectif... Mais promis, on ne perdra pas les bonnes habitudes !
Camille et Mathilde