Nous inaugurons ce mardi une nouvelle catégorie de notes, Bishkek dans ma tete. Des réflexions un peu plus personnelles sur un thème choisi par l’auteur. Mathilde se frotte à l’exercice en premier… Vous êtes bien entendu invités a réagir
Dimanche à Bishkek, mois d’octobre. Nous assistons à un match de football organisé par les américains de Bishkek. Match international, disait l’affiche… En réalité, mis à part le décor (un grand stade assez délabré, typiquement kirghize), l’ambiance est totalement américaine : jolies blondes, lunettes de soleil, pom-pom-girls, bières à la bouteille, hot-dogs et commentaires en anglais…
A Bishkek vit une petite trentaine de Français, sans compter les quarante militaires de la base militaire de Manas. Nous les connaissons presque tous, de près ou de loin. Un industriel (le seul), des profs de français, des employés de l’ambassade, quelques humanitaires… Il est parfois tentant de rester dans ce cocon francophone, de parler du pays, du fromage qui nous manque, de Sarkozy qui nous manque beaucoup moins, ou de ce « si fabuleux Kirghizistan ». Nous pourrions presque, et sans effort, re-constituer un cercle d’amitiés composé uniquement de Français, et ne croiser des Kirghizes qu’au bazar ou dans les « marchroutkas ».
Malgré notre faible russe, notre kirghize quasi-inexistant, nous tentons de lutter contre cet enfermement, en essayant de créer un maximum de liens avec des locaux. Mais là encore, difficile d’échapper à nos origines. Nous attirons les kirghizes francophones, trop heureux de trouver des natifs avec qui pratiquer. Difficile de leur répliquer : « Basta le français ! Rouskii sitchas (russe maintenant) !
En observant nos compatriotes, deux attitudes se dégagent : ceux qui refusent tout contact ou presque, avec des Français, pour une immersion totale. Ou encore ceux qui restent entre eux, menant une vraie vie de Français… à l’étranger. Le problème s’était déjà posé lors de notre escapade québécoise. On ne peut pas nier, en particulier ici où le choc culturel est permanent, le besoin d’être « entre nous ». A l’instar de ce quadra français débarqué un soir chez nous, et qui cherchait désespérément à passer une soirée chez des compatriotes : après deux semaines passées seul dans des familles kirghizes, tout ce qu’il voulait, c’était parler sa langue, et surtout échapper pour un soir aux agapes et à la vodka indéfectibles de l’hospitalité kirghize…
Pour notre part, nous essayons de trouver une voie intermédiaire, n’étant pas des fervents de la discrimination nationale par principe (!), mais bien déterminés à vivre à la kirghize…
Mathilde
Courage, c'est toujours difficile de trouver le juste milieu dans ces situations là,
d'autant que les expat de longue date - enfin, ceux que j'ai pu souvent rencontrer dans les ambassades, institutions culturelles françaises à l'étranger ou autres ONG - ont tendance à être franchement insupportables avec leur complexe de supériorité : "la gastronomie française", "la culture française", choses qui selon eux ne vaudrait pas une cahouète dans le pays où ils se trouvent. Grrr ...Fallait y rester en France si c'était si bien !
Forcément, la maison ça manque au bout d'un moment - surtout le fromage, je suis bien d'accord - alors peut-être effectivemnt qu'il faut se prévoir des sas de décompression :
A quand un colis de maman avec des galettes de sarasin et de l'aïoli ?!
Rédigé par : Elo | 21 novembre 2006 à 17:07