Le parlement a voté à une large majorité une motion de censure contre la première ministre
La première ministre, Ioulia Timochenko, est rentrée sous les applaudissements d’une partie des députés, souriante et déterminée. Elle s’est approchée de la tribune et a prononcé son dernier discours officiel comme cheffe du gouvernement. Mercredi, le parlement ukrainien a adopté à une large majorité une motion de censure à son encontre. Signe avant-coureur, la coalition démocratique, formée jusqu’ici par les partis issus d e la Révolution orange, principalement le Biout (parti de Ioulia Timochenko) et Notre Ukraine (parti du président sortant, Viktor Iouchtchenko), a été dissoute lundi. C’est une première victoire pour le Parti des régions, la formation politique du président fraîchement élu, Viktor Ianoukovitch.
La suite s’annonce nettement plus périlleuse. Avec le plus grand nombre de députés élus, le Parti des régions est la formation la mieux représentée au parlement. Mais il n’a pas la majorité. Il lui faut donc aller au-delà de ses alliés traditionnels pour pouvoir élire un nouveau chef de gouvernement. L’heure est donc au marchandage, chaque groupe politique faisant valoir ses conditions et proposant «son» premier ministre. Des noms ont d’ores et déjà fusé, hier, dans les couloirs du parlement: Mikola Azarov, du Parti des régions, l’ancien président Viktor Iouchtchenko, Sergueï Tigipko ou encore Arseni Yatseniuk, arrivés respectivement en troisième et quatrième position lors de l’élection présidentielle, sont pressentis. Si aucun accord n’est trouvé d’ici à trente jours, le pays s’engagera alors dans de nouvelles élections législatives, ce qui retarderait d’autant les réformes urgentes que l’Ukraine doit mener pour sortir de la crise économique. Une option qui rebute aussi Viktor Ianoukovitch, effrayé à l’idée de perdre ce nouveau scrutin.
Elle n’assurera pas l’intérim
Si Ioulia Timochenko n’a toujours pas reconnu sa défaite à la présidentielle, elle a cette fois-ci réagi avant même le vote officiel, se définissant désormais comme le chef de file de l’opposition «démocratique». «Nous allons protéger l’Ukraine des troubles à venir», a-t-elle assuré à la tribune, condamnant par la même occasion les députés de l’ancienne coalition ayant cette fois-ci voté avec le Parti des régions, soit 41 parlementaires. Elle a également quitté ses fonctions et son bureau immédiatement après le vote, prévenant qu’il n’était pas question pour elle d’assurer l’intérim au sein du gouvernement. Pour nombre d’experts, une Ioulia Timochenko combative à la tête de l’opposition est plutôt une bonne nouvelle pour l’Ukraine, et pourrait permettre de contrebalancer le pouvoir du président.
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