Le nouveau Premier ministre ne fera pas d'ombre au Président.
De notre correspondante Mathilde Goanec.
« Un dinosaure politique » : c'est en ces termes que Viktor Chumak, politologue au centre international d'analyses politiques de Kiev, décrit le nouveau Premier ministre ukrainien. Mikola Azarov, membre éminent du Parti de régions, a été porté au pouvoir jeudi dernier à la faveur d'une nouvelle coalition parlementaire. Cet ancien géologue de 62 ans est né en Russie où il a mené une bonne partie de sa carrière, avant d'être nommé en Ukraine à la tête d'un institut de recherche. Dès le début des années 90, il se lance dans l'arène politique ukrainienne, d'abord comme député puis comme chef de l'administration fiscale pour finir vice-Ministre puis Ministre des finances de 2002 à 2005. « C'était alors un dirigeant assez rigide, confie Viktor Chumak, qui savait se rendre indisponible à n'importe quel visiteur, et à n'importe quelle sollicitation... Un partisan aussi d'une politique fiscale inflexible, et d'une intervention de l'État dans la sphère économique ». Depuis son passage aux finances, il conserve l'image d'un homme austère, voire brutal, une impression renforcée par sa silhouette sèche et élancée. Lors de la récente campagne de Viktor Ianoukovitch, dont il a été l'un des artisans, un communicant au service du Parti des régions s'en amusait : « Azarov, c'est vraiment la vieille garde, il n'aime pas et ne sait pas parler aux médias, ce sont les vieilles méthodes un peu soviétiques quoi... »
Peu populaire, à mille lieues de sa prédécesseur, la très médiatique Ioulia Timochenko, Mikola Azarov a été choisi pour sa loyauté au nouveau président. « Azarov est un bon choix pour Ianoukovitch, parce que ce n'est pas un homme de presse, attaché à son image, estime Vitali Koulik, directeur du Centre d'études de la société civile. Je pense qu'il n'aura pas peur de prendre les décisions impopulaires qui doivent être prises, notamment sur le plan économique ». Ami de longue date de Viktor Ianoukovitch, il pourrait bien être même le fusible nécessaire de la nouvelle équipe au pouvoir. « La tâche va être rude pour Azarov : il doit stabiliser la situation dans le pays, sans toucher aux standards sociaux au risque de perdre l'électorat fidèle de Ianoukovitch, explique encore Pétro Bourkovski, analyste au centre de recherches stratégiques à Kiev. En gros, il doit faire le sale boulot, tout en gardant à l'esprit que des élections législatives anticipées peuvent avoir lieu prochainement. » Autre point fort, il semble dépourvu d'ambitions présidentielles. « Pour moi, son arrivée est plutôt une bonne nouvelle pour la stabilité de l'Ukraine, poursuit Vitaly Koulik. Il n'y aura pas de concurrence entre le Président et le Premier ministre, comme nous avons pu le voir entre Timochenko et Iouchtchenko. » Les batailles au sein de l'ancien exécutif ont considérablement affaibli le pays ces cinq dernières années, et nombre d'Ukrainiens, mais aussi le FMI et l'Union européenne, appellent de leurs vœux un pouvoir qui parle d'une seule voix. Le nouveau Premier ministre a d'ailleurs promis de restaurer l'ordre en Ukraine, et de mettre fin au « pillage » des caisses de l'État. Chez les voisins russes, la consécration de Mikola Azarov recueille aussi de larges suffrages. Fervent lobbyiste du Kremlin et notamment de la participation de l'Ukraine à une possible Union douanière avec la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie, il est au contraire l'une des figures honnies des plus nationalistes ukrainiens, qui lui reprochent notamment son ignorance de la seule langue officielle, l'ukrainien.
hé ben, va y'avoir de l'ambiance au gouvernement !
Rédigé par : elo | samedi 13 mar 2010 à 10h47
ambiance ambiance, jets d'œufs et lacrimo... le pire, c'est ces types en costards qui du haut des tribunes immortalisent ça avec leur Iphone 3G, ma doué...
Rédigé par : Pierre-Yves | mercredi 28 avr 2010 à 10h59