En direct ce mardi 10 novembre, petit point sur l'épidémie de grippe qui frappe l'Ukraine depuis fin octobre et génère un climat de panique qui mêle instrumentalisation politique, peurs enfouies et angoisse du quotidien... Un bon résumé de la situation psychologique de l'Ukraine actuelle!
RFI a également diffusé jeudi 12 un reportage pour tenter de comprendre les causes de cet emballement...
EN COMPLEMENT, cet article tiré d'un papier radio diffusé le 06 nov 2009, sur le site de RFI :
Une grippe politique
AFP/Alexander Prokopenko
L'épidémie de grippe qui sévit depuis deux semaines dans l'Ouest du pays a déjà tué 96 personnes, dont au moins deux victimes du virus H1N1. On parle de près d'un demi-million de malades. Mais la réaction des autorités (fermeture des écoles, mise en quarantaine d'un tiers du pays) est jugée par beaucoup comme trop sévère et surtout opportuniste avant la présidentielle de janvier prochain.
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Face à cette pandémie, les autorités ukrainiennes ont pris des mesures
très strictes, notamment la mise en quarantaine de tout le tiers ouest
du pays et la fermeture de toutes les écoles. Une réaction qui étonne
alors que les médecins de l'OMS en Ukraine se veulent rassurants. Oui
mais voilà, l'Ukraine est en pleine campagne électorale en vue de la
présidentielle de janvier 2010. Et forcément, la grippe contamine le
débat politique ukrainien.
« C'est une pandémie politique »,
s'emporte le candidat à la présidentielle Arseniy Yatseniouk. Pour lui,
relégué aux seconds rôles dans les sondages, ce raz-de-marée grippal,
mais surtout l'emballement politique et médiatique qui l'accompagnent,
ont tout du mauvais coup électoral. Tous les rassemblements publics ont
été interdits pour trois semaines alors que les déplacements à
l'intérieur du pays sont limités et que la population vit recluse dans
une ambiance de panique collective. Sergiy Tigipko, lui aussi candidat,
s’emporte : « On utilise l'épidémie de grippe pour faire oublier les vrais problèmes du pays ».
L'ampleur des mesures prises, les plus drastiques en Europe, étonne en
effet alors que l'épidémie n'est pour le moment pas beaucoup plus
mortelle que la grippe saisonnière habituelle. Les politologues
ukrainiens le confirment à demi-mot, la surmédiatisation de cette
grippe fait sans doute partie du kit
de campagne de la Première ministre Ioulia Timochenko. Elle, qui fait
tout pour apparaître comme l'infirmière en chef du pays, est l'une des
deux favoris pour la présidentielle du 17 janvier. Mais ses rivaux eux
aussi profitent de la pandémie pour l'attaquer. Le président sortant,
Viktor Iouchtchenko, réclame déjà l'ouverture d'une enquête contre X
pour « négligence criminelle ».
Commentaires