А trois mois de l'élection présidentielle, qui aura lieu le 17 janvier, le Parlement a décidé de revaloriser les minima sociaux. Pas du goût du gouvernement, alors que les caisses de l'Etat sont vides.
Kiev. De notre correspondante
En pleine campagne présidentielle, le Parlement ukrainien a adopté une loi controversée sur l'augmentation des minima sociaux. Le projet de loi a été déposé par la principale force d'opposition, le Parti des Régions, dont le leader, Viktor Ianoukovitch sera candidat а l'élection suprême, le 17 janvier. Mais contre l'avis du gouvernement et de son Premier ministre, Ioulia Timochenko, candidate elle aussi, depuis samedi.
Le salaire minimum, actuellement fixé а 53 euros, devrait passer progressivement а 75 euros d'ici à 2011. Et les aides sociales, dans leur ensemble, devraient augmenter de 15 а 20 %. Seul hic, les caisses de l'Etat sont vides, en dépit du prêt de onze milliards d'euros accordé par le Fonds monétaire international au pays l'an dernier.
Au marché de Lysova, à Kiev, personne n'est dupe de ce soudain intérêt de l'opposition pour les plus fragiles. « On est en pleine campagne électorale, et tout ça c'est pour gagner des voix », glisse Larissa, 47 ans. Infirmiиre de profession, elle gagne 70 euros par mois. « Quelques grivnias de plus, qu'est-ce que cela va changer ? C'est toujours trop peu. Si l'on survit, c'est grâce au salaire de ma fille, qui vit avec nous. »
« А trois dans une pièce »
Près de la station d'autobus, Oksana, violoniste, dresse un tableau à peu près semblable. « Nous vivons а trois dans un appartement d'une pièce, en banlieue. Le salaire de mon mari sert а rembourser le prêt. Pour notre enfant, nous avons touché 150 grivnias (13 euros) par mois, puis plus rien. C'est difficile. » Un proverbe ukrainien, populaire en période de crise, lui revient en mémoire : « Les bons parents, ce sont ceux qui aident leurs enfants jusqu'а la retraite... de leurs enfants ! »
La solidarité individuelle joue effectivement à plein pour pallier les dysfonctionnements du système social ukrainien, selon Ludmila Shanguina, sociologue а l'institut Razumkov. « Une grosse partie de la population est payée au noir, sans que l'Etat ne touche un centime lа-dessus. Résultat, il n'y a pas d'argent pour la frange la plus faible de la population. C'est ça qu'il faut changer. Tout le reste, c'est du populisme électoral. »
Mathilde GOANEC.
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