On ne parle que de lui à Montpellier mais, en Ukraine, Lénine ne fait plus recette. Ils étaient rares, les nostalgiques de l'Union soviétique venus commémorer en ce 21 janvier l'anniversaire de la mort de Vladimir Ilitch Oulianov. Au pied de la petite statue du centre-ville de Kiev, la capitale, quelques bouquets d'oeillets rouges font office d'hommage discret. Les Kieviens, dans leur grande majorité, ignorent l'événement. Et vue d'ici, l'idée de Georges Frêche fait sourire.
A l'Est de l'Europe, dans les anciennes républiques socialistes soviétiques, l'heure est plutôt au déboulonnage qu'à l'édification de statues. « Bien sûr, quand j'étais à l'école, je pensais que Lénine était quelqu'un de bien », explique Victoria, une jeune femme de 34 ans. « Puis j'ai découvert certaines pages de son histoire et j'ai revu ma position. Pour moi, mettre une statue de Lénine sur une place française, c'est comme édifier une statue de Pinochet ! », ajoute-t-elle. Stanislas, 20 ans, s'est installé au pied de la statue pour boire quelques bières. Pour lui, tout est affaire de générations : « Les vieux, très souvent, continuent à penser que Lénine était un gars correct. Mais les gens de 30 ou 40 ans, ceux qui se sont battus pour l'indépendance de l'Ukraine, ont une vision très négative des héros soviétiques. Et les jeunes, ils s'en foutent. Pourquoi pas une statue de Lénine à Montpellier ? Si j'ai la chance d'aller en France, j'irai la voir... ». Entre indifférence, révolte et enthousiasme, l'initiative du Président de la région française du Languedoc-Roussillon aura réussi à ouvrir le débat jusqu'en Ukraine.
Sur le site du journal Korrespondent, très populaire dans le pays, les lecteurs ironisent : « Peut-être que les villes et villages ukrainiens devraient se lancer dans l'exportation des statues de Lénine ? Comme les Russes avec le pétrole, ils pourraient gagner gros ! ».
Avec, rien qu'à Kiev, le démontage imminent de dix-huit bustes, plaques et autres inscriptions à la gloire du révolutionnaire d'Octobre, il y a en Ukraine des affaires à faire...
De Kiev, Mathilde GOANEC
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