Quand le prix des céréales monte, ce sont les pays les plus pauvres qui trinquent. Démonstration au Kirghizistan, au coeur de l'Asie centrale.
BICHKEK (correspondance). ¯- Pour cause de météo peu clémente, de baisse des stocks et de diminution des surfaces cultivées, le prix des céréales ne cesse d'augmenter partout dans le monde. Si, en Europe, la crise fait mal, elle est catastrophique pour les pays à faibles revenus et très dépendants des importations.
C'est le cas en Asie centrale, et notamment au Kirghizstan, où le prix du blé et de l'huile explose. Au bazar d'Och, le plus grand marché alimentaire de Bichkek, la capitale, le sac de farine de 50 kg se monnaye aujourd'hui à 1 500 soms (30 euros), soit trois fois plus cher que la normale. Et il n'est pas rare de voir les habitants de Bichkek faire le plein pour leurs familles vivant dans les villages, où les restrictions ont commencé.
Le Kirghizistan importe la majeure partie de son blé du Kazakhstan, l'un des leaders mondiaux sur le marché des céréales. Devant l'envol des prix, les autorités kazakhes ont décidé à l'automne de réguler la hausse sur le plan national. Mais pour les voisins, ce sont les cours mondiaux qui s'appliquent. Mauvaise nouvelle pour les gouvernements kirghize, tadjik et ouzbek, déjà sous pression.
Les retraités premières victimes
Le président kirghize, Kourmanbek Bakiev, en pleine campagne législative, tente de réguler les prix dans les bazars, royaumes de l'économie informelle. Sans résultats visibles à la caisse. « Les gens doivent se débrouiller tout seuls et ils sont en colère, explique Akbar, étudiant kirghize. Quand il y a des contrôles, les vendeurs baissent les prix. Mais dans la minute suivante, ils les remontent ». Avec leur pension dérisoire, les retraités sont les premières victimes de cette situation, ce qui a incité le gouvernement à leur distribuer des sacs de farine. Les fonctionnaires, mal payés, ont, eux, reçu des paquets de sucre. Mais c'est bien l'ensemble des ménages kirghizes qui sont touchés par la spirale inflationniste, car tous les produits de consommation courante sont à la hausse. « Pour les étudiants comme moi, c'est très difficile. Le midi, je paye mon sandwich trois fois plus cher ! », poursuit Akbar. Même les chauffeurs de marchroutkas, ces minibus de transport collectif, menacent de faire monter les tarifs. La dernière tentative similaire en 2005 avait mis le feu aux poudres.
Si les manifestations sont encore sporadiques, la crise alimentaire pourrait bien se transformer en crise sociale. C'est déjà le cas dans la vallée du Ferghana, la région la plus peuplée d'Asie centrale, à cheval sur l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan où les signes de tension se multiplient.
Mathilde GOANEC.
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J'effectue mon mémoire pour valider ma 3 année en relations internationales sur l'humanitaire et la bonne gouvernance en Asie centrale
Ces deux termes sont-ils présents dans la région?
La démocratie émerge t-elle?
L'humanitaire a-t-il sa place face à la population?
Merci d'avance
Salutations
Lucile
Rédigé par : SENE Lucile | jeudi 13 déc 2007 à 00h43