Un peu plus au nord qu'à l'est, nous revenons sur cette série en quatre volets publiée initialement sur Mediapart. A lire désormais ici (et c'est gratuit).
Un reportage de Mathilde Goanec, envoyée spéciale au Spitzberg
C'est une fausse bonne idée pour les uns, un véritable trésor pour les autres... La réserve mondiale de semences du Svalbard fait partie de ces nouveaux mythes dont notre monde contemporain raffole. « Arche de Noé », « jardin d'Eden », « trésor mondial » : les références bibliques ou mythologiques s'amoncellent pour décrire ce qui n'est pourtant rien d'autre qu'une banque de stockage. Une banque bien particulière, cependant, destinée à stocker et à conserver des échantillons de graines de toutes les cultures vivrières du monde, et creusée au cœur d'un archipel glacé et sauvage, près du pôle Nord.
Depuis l'avion qui survole l'archipel et son île principale, le Spitzberg, à l'est du Groenland, la partie qui n'est pas enterrée de la réserve apparaît : un bloc géométrique de béton, posé à la verticale de la montagne, fermé par une lourde porte. Un peu plus de neige, et il disparaîtrait complètement.
A quelques kilomètres, se trouve le village de Longyearbyen, principal lieu de peuplement de l'archipel, 2.000 habitants à l'année. Sur la totalité de ce territoire à peine plus petit que l'Irlande, seulement 3.000 personnes sont installées durablement. Pourquoi avoir logé là, où rien ne pousse hormis une herbe rase et des fleurs fragiles, le « réservoir de la biodiversité mondiale » ?
Pour le comprendre, il faut se pencher sur l'histoire particulière du Svalbard. A l'issue de la Première Guerre mondiale, la Norvège obtient, à la faveur des redécoupages territoriaux issus du traité de Versailles, la souveraineté sur ce chapelet d'îles pourtant situé à 1000 kilomètres de ses frontières. Souveraine mais pas propriétaire, car l'archipel conserve aujourd'hui encore un statut « international ».
D'ailleurs, quiconque le désire peut s'y établir librement. En témoigne la présence d'un village russe, Barentsburg, qui a poussé dans les années 1930 autour d'une vieille mine de charbon, sur l'île principale. Les Norvégiens, installés principalement à Longyearbyen, continuent eux aussi à exploiter le précieux minerai noir, qui, après la chasse à la baleine, à la trappe, et une éphémère ruée vers l'or, a finalement agrégé un noyau de vie humaine sur ces rochers gelés.
Mais le gouvernement d'Oslo construit également, depuis deux décennies, un formidable réseau scientifique et universitaire au Svalbard, laboratoire ouvert sur le pôle Nord tout proche. Dans leur sillage, des dizaines de fonctionnaires ont débarqué, chargés d'animer et d'éduquer la communauté, et les couples diplômés avec enfants remplacent peu à peu les mineurs, habitants traditionnels de l'archipel. Équipements modernes et rutilants, harmonie du design nordique, rues proprettes, Longyearbyen est devenu un village vitrine. « Ici, il n'y a pas de chômeurs, pas de malades, pas de personnes âgées. Si vous touchez une quelconque aide de l'Etat, vous ne pouvez pas vous installer sur l'île, rappelle Eva, employée à l'université. C'est une sorte de communauté idéale, construite artificiellement. »
La réserve de semences du Svalbard, imaginée dès la fin des années 1970, mais inaugurée seulement en 2008, s'est donc implantée au creux d'un territoire neutre, stable, éloigné du monde, de ses turbulences et de ses fureurs. Si l'endroit a été choisi, c'est que l'île fait office de « congélateur naturel », grâce à son sol glacé. « Svalbard est un endroit idéal ici pour la conservation des semences grâce au permafrost », souligne Kjell Mork, le maire de Longyearbyen.
Une histoire un peu trop parfaite
Karen est institutrice, elle vit depuis deux ans sur l'île avec son fils. Lorsqu'elle apprend que nous allons visiter la réserve, elle exige immédiatement un compte-rendu. « Vous savez, Svalbard, c'est un peu l'arrière-cour de la Norvège. Nous faisons ici tout ce que l'on ne peut pas faire sur le continent... Par exemple, dans notre pays prétendument à la pointe de l'écologie, on exploite du charbon, ce que peu de Norvégiens savent. Mais c'est normal, nous sommes si loin d'Oslo ! C'est la même chose pour cette réserve de semences, nous savons que cela existe, mais pas vraiment de quoi il s'agit. »
Même émerveillement lorsque l'on parle de la réserve à deux Tadjiks du village russe de l'île, Barentsburg. « Une réserve mondiale de plantes ? C'est incroyable, nous n'en savions rien du tout », s'exclame Himat Sulaymonov, jeune médecin et passionné de sciences. Et d'imaginer déjà que les graines de pastèques anciennes de ses montagnes du Pamir, si sucrées, si juteuses mais perdues avec la collectivisation soviétique, auraient pu être sauvées, dans le ventre froid de la montagne.
Dès les années 1980, l'idée d'une réserve mondiale de semences commence à circuler au sein de la communauté scientifique internationale, face à l'affaiblissement dramatique et continu du nombre de variétés de plantes alimentaires. Le projet verra finalement le jour en 2006, et des travaux sont lancés. Ils seront financés, à hauteur de 8 millions de dollars, par le gouvernement norvégien, qui assure la gestion de la réserve sur place avec le soutien de la Banque génétique nordique.
Fondation Gates et OGM
L'acheminement des graines est, lui, confié à un consortium public-privé, le Fonds mondial pour la diversité des cultures, organisme créé conjointement par la FAO (organisation des Nations unies pour l'alimentation) et le CGIAR (groupe consultatif pour la recherche agricole internationale). Parmi les financeurs privés, on trouve la Fondation Bill et Melinda Gates, la fondation Rockefeller, mais également plusieurs groupes industriels leaders dans le domaine des biotechnologies et des OGM. Et c'est justement cette confusion des genres que contestent certains scientifiques et plusieurs défenseurs de la biodiversité (cette vive controverse sur la financement sera le sujet du troisième volet de notre série).)
Lors de l'inauguration de la réserve en 2008, les grands de ce monde se pressent donc sur cette île située à quelques 1000 kilomètres du pôle Nord. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, parlera avec emphase de ce « jardin d'Eden glacial », un lieu capable de résister au déluge, aux attaques terroristes et aux cataclysmes climatiques, tenu loin des hommes.« C'est un discours de communicant, qui souhaitait une répercussion internationale forte, analyse Jean-Marie Prosperi, chercheur à l'INRA, et qui a suivi avec attention l'ouverture de la réserve du Svalbard. On est dans des références bibliques qui dépassent le cadre de la raison et ça marche! Mais en réalité, de quoi s'agit-il ? Si une catastrophe climatique ou politique survenait près d'une banque de gènes quelque part dans le monde, il n'y avait pas jusqu'ici de sauvegarde et cela risquait de faire disparaître la collection tout entière. C'est particulièrement vrai dans les pays du Sud... Nous avions donc besoin d'avoir un double de sécurité. »
Depuis, pour calmer les esprits, l'équipe en charge de la réserve tente un difficile rétropédalage : « Il y a eu beaucoup de débats sur ce thème, admet Roland Von Bothmer, l'un des deux scientifiques mandatés pour la gestion de la réserve pour le compte du gouvernement norvégien et de la banque génétique nordique. Mais je pense que cela a été malgré tout gonflé par les médias. Ce n'est pas une “arche de Noé” comme cela a pu être dit. C'est un simple système de sauvegarde, pour se protéger contre ce qui peut arriver dans les banques de graines des autres pays. »
Pour autant, le lieu n'a pas été choisi par hasard : « Nous sommes ici dans l'un des endroits les plus stables du monde, confirme Roland Von Bothmer. Il n'y a presque pas d'activité sismique, la terre est très solide, la température est stable, et même s'il y a des changements climatiques, cet endroit sera l'un des derniers endroits au monde à être affecté. Même s'il y a une fonte des glaces, notre réserve a été construite au-dessus du niveau maximal de montée des eaux! »
La porte de l'entrée de la réserve est blindée, les murs sont en béton armé. La réserve ne s'ouvre que quatre à cinq fois par an, lorsque sont apportés des échantillons de graines. Nous avons pu y pénétrer pour une visite guidée par le scientifique Roland Von Bothmer. Ce sera le sujet de notre prochain épisode, un reportage photo et audio sous les roches du Spitzberg.
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