Sur la route avec nous

Ouzbekistan, derniere...

Nous en etions restes a Marghilan, capitale de la soie ouzbeke...
C'est de la que le dernier bus collectif de ce voyage nous a conduit vers "notre" Kirghizistan, via Andijan.
De cette derniere, associee a la repression sanglante d'une manifestation d'opposition en mai 2005, nous ne verrons pas grand-chose: une demi-heure de balade et une impression de malaise a chaque fois que nous faisions mine de faire des photos... Enfin, la route vers la frontiere, et les marshroutkas a 5 som qui nous attendent de l'autre cote.

Trois mois que nous vivons au Kirghizistan, deux semaines d'infidelite ouzbeke, et nous voila a marcher en terre kirghize comme si l'on revenait d'un long periple loin de chez nous! On mettra ce patriotisme passager sur le compte du soulagement ressenti en quittant le territoire ouzbek: quel plaisir de circuler sur les routes sans etre arrete toutes les vingt minutes a un controle routier, de voir l'agitation d'Och, jumelle kirghize des villes de la vallee du Ferghana. Tout ici est plus vivant, leger, apaise... plus liberalise aussi, c'est une autre facon de le dire. Mais egalement plus delabre ...
Ce voyage est-il pour autant termine ? Pas si sur : l'Ouzbekistan nous poursuit dans nos travaux, et nous commencons tout juste a exploiter le riche materiau collecte au cours de ces vingt jours. A voir deja dans Ouest-France le 31 janvier, et sur le site professionnel de www.reporters-asiecentrale.net, bien sur.

C'est la route Och-Bichkek qui nous a ramene chez nous. Dix heures de voyage a travers les montagnes enneigees, sur une route magnifique. Des lacs, des cols, des sommets a portee de la main, des vallees immenses et des steppes ouvertes a plus de 3000 metres... Vivement l'ete!

Camille et Mathilde

31 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (0)

Marghilan, route de la soie ?

Arrivée dans une nouvelle ville, première étape incontournable, trouver un endroit où poser nos sacs et, accessoirement, où dormir. Les guides ne font mention que de l’hôtel soviétique de la ville, qui jouxte la gare routière.

L’hôtel est ouvert, mais n’a ni le gaz, ni l’électricité… et n’accueille donc pas de visiteurs ! Nous nous retrouvons donc sans lieu où loger, les autres hôtels du secteur étant soit en périphérie de la ville, soit carrément dans la ville voisine de Ferghana, à 25 minutes de bus plus au sud.

Et puis très simplement, comme toujours dans ces cas-là, un homme nous accoste devant l’hôtel, au moment où l’on commençait à se demander ce que nous allions faire, et nous fait comprendre qu’il peut nous trouver un hébergement, non enregistré par les autorités. Les deux hommes avec qui nous avons lié connaissance dans le bus (les traditionnelles discussions, « comment tu t’appelles, tu es marié, tu as des enfants, combien tu gagnes… »), et qui nous escortent depuis l’arrivée, semblent trouver la solution valable. On prend donc congé d’eux et l’on suit le providentiel hébergeur.

Quelques rues et un combat de coqs plus loin, nous découvrons notre résidence des deux prochaines nuits : une maison ouzbèke typique, avec sa cour carrée entourée de larges murs, son préau, son four à pain, et deux pièces d’habitation. La première est celle où vivent nos hôtes, deux femmes apparemment seules, la deuxième est celle qui nous est allouée. A l’intérieur, la simplicité ouzbèke à laquelle nous avons pris goût : une table basse, un petit poêle où s’agite une fine flamme de gaz. Et surtout, au fond de la pièce rectangulaire au sol nu, une haute pile de töshoks, les fins matelas aux motifs de velours hauts en couleurs que l’on déplie chaque soir pour en faire sa couche. Rudimentaire au premier abord, mais d’un confort inégalable, au point que nous les préférions depuis Khiva aux sommiers crevés des guesthouses.  

La ville de Marghilan est tout entière tournée vers son imposant bazar, et s’étend sur le bord de la route qui traverse le sud de la vallée, l’héritière de la légendaire « Route de la soie » que nous suivons sans bien nous en rendre compte depuis Khiva. Tant vantée par la prose touristique sur la région, la fameuse route ne semble pas avoir de réelle consistance dans l’esprit des gens d’ici. L’idée de patrimoine ne fait pas le poids dans un coin du Monde où l’on a fait « table rase » du passé. Autant dire que le grand souffle de l’Histoire ne souffle plus depuis longtemps sur la tristounette Marghilan,  ville passage, qui tire pourtant bien sa célébrité de sa soie ! Car de tous temps, Marghilan a été l’un des épicentres de la route de la soie, et l’on y tisse aujourd’hui encore des kilomètres d’étoffes bariolées aux motifs chevronnés traditionnels que l’on voit encore très présents dans la garde-robe des femmes .

Marguilan_peigne

Nous passons la matinée à visiter la fabrique de Yod-Gorlik, réputée pour être la plus traditionnelle de la ville. Du cocon au gallon de tissu, on découvre le travail des ouvrières de la fabrique, celles qui dérobent aux cocons bouillis leur précieux fil, toute la journée les mains dans l’eau chaude, mais aussi les tisseuses. Chacune devant son métier en bois peint de couleurs vives, elles répètent en rythme les gestes mécaniques qui donnent vie à la bistanclaque, cette musique caractéristique de la navette qui file entre les fils tendus, qui bute en bout de ligne, claque et repart à toute vitesse dans l’autre sens… Un plaisir pour les oreilles autant que pour les yeux du visiteur, une gymnastique savamment maîtrisée par les ouvrières…

Youssouf, notre guide, parle anglais sans problème. Normal, nous dit-il, il revient de New-York où il a organisé une exposition-vente des produits de la fabrique. Yod-Gorlik et sa soie sont réputées dans le monde entier, insiste Youssouf comme pour nous convaincre au moment de passer à la boutique…

Passage ensuite par la mosquée de la ville, à l’heure de la prière. L’affluence des croyants nous confirme que la vallée du Ferghana est une région où l’Islam tient une place essentielle. Autour du bâtiment, le bazar s’étend, bruyant et animé. Le commerce aussi occupe une grande place dans la vie des ouzbeks, ici sans doute plus qu’ailleurs…

Marguilan_pause_tissage

Nous quitterons à regret notre petite chambre, froide et simple certes, mais qui nous aura permis pour quelques temps de voir de plus près la vie à l’intérieur de ces maisons ouzbèkes, ces cours que l’on devine dans l’entrebâillement des portails mais où il est si dur, pour des étrangers, de pénétrer.

28 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (1)

Cafards, imprimerie et école coranique

Kokand_cimetiere_mususlman Arrivée à Kokand. Ancienne capitale de Khanat, centre politique et religieux de la région concurrent de Boukhara. En tous cas, avant que les troupes soviétiques n’y matent une révolte dans les premières années de l’URSS, et rasent quasiment tout ce qui rappelait cette puissance passée. La ville a tout de même gardé un centre-ville pimpant et quelques édifices religieux émouvants car éloignés de l’activité touristique. Ici, on ne badine pas avec l’Islam. Djamilia, notre compagne de voyage dans le taxi depuis Tashkent, nous avait prévenu, en préambule à toute conversation : « Je suis musulmane ». Et toute la ville l’est. Dépités par la nuit tombée trop tôt, et la brume qui enveloppe cette ville inconnue, nous comptions nous réfugier dans un café et y boire une bière en attendant l’heure du diner… Peine perdue, il semble impossible de boire de l’alcool dans les lieux publics, et les cafés n’accueillent bien souvent que des hommes. Les russes ont déserté Qoqand, comme nous l’apprend la réceptionniste du seul hôtel de la ville, où nous descendons faute d’alternative. Et pourtant, la description du guide Lonely Planet avait de quoi nous en dissuader : « chambres d’une saleté repoussante, littéralement infestées de cafards ». Charmant, sauf que largement exagéré. Pour trouver des conditions acceptables, il nous aura tout de même fallu opter pour la « suite luxe », une poignée de dollars pour deux tristes pièces à peine meublées et une salle de bains pas franchement convaincante. Le tout pas reluisant mais acceptable.

On s’endort toutes oreilles dressées, guettant dès la lumière éteinte le craquement des petites bêtes sur le plancher. Erreur, le grondement qui nous réveille en sursaut quelques minutes plus tard n’est pas du à l’attaque des insectes, mais à un tremblement de terre. Et pas n’importe que tremblement de terre : puissance 8 à son épicentre, situé à quelques 40 km au sud, de l’autre côté de la frontière kirghize ! Sur le coup, on comprend vite de quoi il s’agit, puis l’angoisse arrive : pour le moment, toute la chambre vibre et rien ne se passe, mais jusqu’à quand ? Puis plus rien, et le sourire narquois de l’agent de sécurité qui nous rassure dans le couloir où l’on était sorti en vitesse, et en pyjama…

Dans la ville, nous tombons par hasard sur les locaux du journal de la ville. A l’intérieur, guidés parKokand_imprimerie les journalistes très enthousiastes, nous découvrons une véritable imprimerie à la Gutenberg, avec lettres de plomb et ouvrières chargées de monter les pages, lettre a près lettre, et à l’envers s’il vous plaît. Heureusement, nous comprenons que le journal n’est plus édité selon cette technique, réservée désormais à l’impression de tracts publicitaires. On aura tout de même droit à la visite des petites rotatives(matériel soviétique of course) dont sort chaque jour le journal. A 10 heures du matin, le journal du lendemain est déjà sous presse, un aperçu intéressant de la notion d’actualité dan les médias ouzbeks ! Enfin, nous visitons longuement la médressa, l’école coranique de Qoqand, la seule toujours en activité d’une ville qui en comptait plusieurs centaines du temps de sa grandeur. Ici, des jeunes hommes étudient entre 13 et 18 ans et deviendront des imams après cinq autres années à l’université de Tashkent. Nous tombons pendant les vacances, l’ambiance est donc détendue dans les petites cellules où logent les élèves par quatre. Sous couvert de tourisme, on nous y accueille volontiers, et nous tentons de saisir, sans traducteur, la vie de la médressa… A lire prochainement dans le Journal des enfants et sur le blog pour les non-abonnés !

24 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (1)

Tachkent : La dictature en lettres capitales

Marguilan_propagande Triste capitale. Sous le soleil, nous apprécions mieux la ville que lors de notre arrivée pluvieuse. Il n'empêche : notre malaise persiste, en longeant ces avenues immenses et presque désertes. Rapide coup d'oeil à l'Hôtel de ville, flamboyant édifice. Le quartier présidentiel est lui aussi démesuré. A côté, la déjà très  monumentale Maison blanche de Bishkek fait presque office de maison de poupée. Ces bâtiments font écho à la propagande permanente qui inonde le pays. Combien de tribunaux, d'écoles, d'hôpitaux au fronton ceint d'une maxime du président Islam Karimov? Combien d'affiches et de fresques mettant en scène l'écolier, le paysan, l'instituteur, proclamant le bon-vivre de la nation ouzbèke ? Grossière propagande, inévitable attribut de cette dictature à peine masquée. Notre malaise sera confirmé quelques temps plus tard par un politologue de l’Université Américaine d’Asie centrale à Bishkek : « En Ouzbékistan on ne voit pas de statue dorée d’Islam Karimov comme au Turkménistan, mais ne soyez pas dupe : derrière la facade démocratique, il y a une très forte pression idéologique qui est exercée sur la population pour présenter le président comme le créateur et le sauveur de l’Ouzbékistan. » Ajoutez à cela ce témoignage d’un opposant rencontré en catimini à Tashkent, qui compare son pays à un « gigantesque camp de concentration », et tient le décompte des quelques 7000 prisonniers politiques détenus dans tout le pays.

Passage par le métro, impossible à photographier car bâti par les soviétiques pour pouvoir servir au besoin d’abri nucléaire. Première barrière, contrôle de la police et fouille légère de nos bagages… Nous quitterons donc Tachkent rapidement, impatients de découvrir la vallée du Ferghana. "

La riche vallée du Ferghana a cette particularité d’être à cheval sur trois pays : l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Un savant découpage voulu par Staline, qui a transformé la vallée en un puzzle explosif et incohérent. Trafics en tous genres, tensions permanentes et populations en proie à des politiques de visas ubuesques. En mai 2005, une manifestation spontanée contre le pouvoir ouzbek s’est soldée par 700 morts à Andijan, la ville principale. Depuis, la surveillance s’est accrue dans cette région très riche et isolée du reste du pays.

Du voyage en taxi qui nous emmène à Kokand, première ville étape, nous gardons en mémoire ces sinistres villes industrielles, comme Angren. Cheminées d’usines, cuves immenses, ciel bas et gris malgré le soleil… et rangées interminables d’immeubles soviétiques. Certains, par un sursaut de coquetterie mâtinée de propagande, sont peinturlurés de motifs à la gloire du coton. Ils rappellent la fonction première de la vallée, la culture de « l’or blanc », qui a définitivement défiguré la mer d’Aral en aval.

Mathilde et Camille

23 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (0)

Samarcande, Timur-city

Samarcande_registan_losange Nous voici a Samarcande, la plus fantasmee des villes d'Asie centrale, la plus decevante aussi, du moins au premier abord. Le Registan, grande place centrale, ou deux medressas se font face et cotoient la mosquee d'or, nous devoilera ses charmes lentement, et grace aux diverses lumieres du jour. Nous logeons chez Bahodir, ou les routards du monde entier sont deja passes, donnant a l'endroit un air de boheme certain. Nous nous glissons le soir de notre arrivee au sein des immenses edifices, en passant comme des voleurs par dessus l'une des barrieres... Un policier surgit, nous nous raidissons, coupables tout a coup. Charmant, il nous revele ses trois mots de francais et nous invitent a revenir demain, a l'aube, pour monter en haut du minaret en sa compagnie, moyennant finances. L'ouverture reelle du batiment n'est qu'a neuf heures, ce qui laisse aux gardiens quelques heures pour faire du commerce... Nous nous eclipsons en vitesse. Samarcande_mosquee_dor Nous declinerons son offre, visitant plutot le mausole de Timur, ou Tamerlan, redoutable chef de guerre et incroyable conquerant centre-asiatique et qui a fait de Samarcande sa capitale. L'or envahit la mosaique et de nombreux musulans viennent encore s'y recueillir. Nous quitterons Samarcande par son marche, superbe et au pied de la mosquee de Bibi-Khanoun, princesse chinoise et femme preferee de Tamerlan, selon les historiens. Nous y retrouvons un peu de vie, qui fait tant defaut a l'Ouzbekistan. Nous longeons en marchant le cimetiere de la ville, bati sur les restes de la ville antique. Agreable promenade a pied, nous qui nous faisons trimbaler depuis quelques jours en bus, taxi, train...

Samarcande_petite_marchande_orange Dans le bus, les voyageurs sont toujours aussi curieux des etrangers et le passeport de Camille circule de main en main. La jeune femme qui livre Camille a un veritable interrogatoire vit seule ici avec son fils, son mari etant parti travailler en Russie. Le bus se remplit de voyageurs, tous ou presque sont charges des delicieux nan achetes en ville. Alim, refugie ouzbek vivant en France, nous avait prevenu. En Ouzbekistan, le pain est sacre. Alors le pain de Samarcande ...

Mathilde et Camille

20 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (1)

Boukhara, ville sainte

Nous quittons Khiva pour Ourgench, ville transit. Après une heure d'apres négociations dans un froid glacial, nous grimpons enfin à bord d’un « Car de l’Ouanne » (1), vieil autobus récupéré en France et qui connaît une seconde vie en Ouzbékistan. Divertis par les clips de pop orientale diffuses sur la tele du bus, nous attendons encore une heure que le véhicule se remplisse.

Boukhara_sunset_2Démarrage, je lâche un cri de joie qui fait sourire mes compagnons de voyage... Inapproprié, car nous stoppons un quart d’heure plus tard. Le bus est en panne, les taxistes d’Ourgench, rigolards, nous avaient prévenu… Un autre véhicule, cette fois-ci aux couleurs du Conseil général de l’Isère (hasard ou vraie filière ?), fait le relais. Seul hic, il est plus petit et tout le monde ne pourra s’asseoir. Qu’à cela ne tienne, nous nous hissons sur un coffre à l’avant, recouvert de Töshoks, sorte de gros matelas bariolés. On part donc finalement, mais dans un confort hasardeux, que nous paierons au cours du voyage… Et pas n'importe quel voyage: neuf heures, entassés dans un bus de deuxieme main (rendons a posteriori hommage aux services techniques du CG isérois pour avoir maintenu en forme son ancien pensionnaire), bien décidés a traverser dans la nuit, sur et sous la neige et donc a une moyenne de 30 km/h, le désert du Kysyl-kum. Le genre de situation qui, avec un peu de recul, vous rappelle que vous etes bien peu de chose...

Les contrôles-barrières se succèdent, un seul policier, imbibé de Boukhara_arcades vodka, vérifiera nos passeports, poussé par une babouchka que la présence d'étrangers dans son bus agace manifestement. Une petite bande se forme autour d’elle, nous regardant d’un air entendu et moqueur. Le reste du bus ignore cette xénophobie latente. Un nan, galette fait-maison circule pour nous dans le bus. Les généreuses donatrices, deux copines rieuses, nous jettent des clins d’œils complices.

Le désert blanc défile, un arrêt, enfin. Au loin, un enchevetrement d’antennes forme un décor surréaliste. Les hommes pissent le nez au vent, sans meme chercher a se cacher derriere muret ou arbuste. Camille les imite, reproduisant le petit rituel de la main passée sur la neige pour se nettoyer. Nous rejoignons les buissons des femmes. Vite, elles retroussent leurs lourdes jupes, descendent leurs pantalons colorés et, les fesses à l’air, se soulagent de ces heures d’attentes. Nous nous dépêchons de faire de même, maintenant habituées à cette impudeur collective.

Boukhara se dévoilera de nuit, à travers les vitres d’un taxi. Nous atterissons sans le savoir dans le quartier juif et une synagogue est notre voisine. Au petit matin, nous découvrirons des maisons de pierre couleur ocre, aux toits plats. Les mosquées et medressas sont éparpillées dans toute la ville, au gré des rues tortueuses. Khiva la ville musée nous semble bien loin.

Boukhara, ancienne capitale du pays et centre religieux historique, tourne autour de son immense mosquee centrale, qui fait face a une école coranique encore en activité. Si nous visitons l'esplanade superbe dans la lumiere rasante, le lieu de culte ferme ses portes aux femmes et aux non-musulmans. Nous nous "vengerons" en prenant de la hauteur, afin d'admirer la ville au soleil couchant, du haut de l'Arcq, l'immense palais de l'ancien khan (seigneur) de Boukhara. Les russes puis les sovietiques ont detruit l'interieur de l'edifice et les murailles ne protegent plus qu'un terrain vague, surplombant la ville.

Premiere approche aussi de l'absurdité ouzbeke. Impossible de trouver des sums, monnaie officielle, dans les bureaux de change de la ville. Nous tentons de changer nos devises au siege local de la banque nationale. Ici aussi, les caisses et les bureaux sont vides. Le policier surveillant l'entrée nous conseillera le plus naturellement du monde d'essayer le marche noir. avant de se raviserquelques secondes plus tard: c 'est finalement lui-meme qui fera la transaction, sortant des liasses de billets de sa veste d'uniforme. En Ouzbekistan, l'argent, comme le reste, se trouve au marche, et pas a la banque.

Boukhara_cour_interieure Nous quittons Boukhara apres avoir pris notre petit dejeuner, pain, kéfir (sorte de yahourt acide et crémeux) et thé noir, dans une tchaikana (maison de thé) de quartier. La vieille batisse accueille de vieux monsieurs qui semblent y passer toutes leurs journées. Assis ou allongés, ils palabrent en avalant des litres de thé fumant et en chiquant un tabac que l'on sait souvent melé d'autres drogues. Un vrai petit club anglais, avec sa hierarchie implicite, ses figures qui font autorité, et la cour de ceux qui essayent de se rapprocher de la table ou l'on potine.

La encore, que des hommes. Une vieille dame, a la peau tres brune, a semble-t'il recu le privilege de profiter d'un coin de la salle. Elle rigole doucement dans la pénombre. L'un de nos voisins, surpris par notre présence, entame une conversation amicale. Il touche son nez, mimant notre Charles de Gaulle national. D'un signe de tete, et d'une main sur le coeur, il salue notre depart. N'en deplaise a la "dame du bus", nous sommes définitivement charmés par les vieux messieurs ouzbekes et le rythme de la vie d'ici...

Mathilde et Camille

(1) Où est donc située l’Ouanne ? Le premier de nos lecteurs qui répondra à cette interrogation recevra un cadeau gracieusement offert par les animateurs du site www.journalistes-asiecentrale.net...

18 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (2)

Ouzbekistan episode 2: Khiva

En plein coeur du Khorezm, ancien berceau de civilisation persanne en Asie centrale, a quelques encablures de la frontiere turkmene, en arrivant a Khiva, on touche enfin au mythique... Depuis des annees trottent dans nos esprits les images des bastions dodus et des murailles en pise de la vieille cite. Et les voila face a nous, au moment ou l'on descend du taxi qui nous a amene depuis la gare d'Ourgentch... Alors bien sur, le coucher de soleil est toujours moins dore en vrai, et la taille de l'edifice  n'est pas tout a fait celle que l'on imaginait en reve... Mais tout de meme, pas question de bouder son plaisir, une fois le prix de l'hotel aprement negocie, au moment de passer la porte d'enceinte et de penetrer dans la ville. Img_9227

C'est la que le reel vous rattrape definitivement: la magie opere, certes, mais la magie a un cout. Si le coeur de Khiva, la citadelle d'Ichon Kalaa et ses dizaines de splendides mausoles, medressas, mosquees et palais orientaux ont survecu, c'est parce que le site a ete classe au patrimoine mondial de l'UNESCO il y a 15 ans. Et donc largement restaure. C'est donc dans une ville-musee que nous penetrons: dans les rues desertees par les touristes, rares sont les passants afrontant le vent glacial qui s'engouffre entre les hautes murailles des palais. Dans les cours de medressas, au pied des splendides minarets de cette antique capitale de l'Islam, nous ne croisons d'abord que des femmes etonnament polyglottes et souriantes qui ne comptent pas laisser trois touristes hivernaux sans leur avoir montre leur echoppe, artisanat local, bois scuplte, ceramiques et tapis brodes... Il faut dire que l'architecture des medressas s'y prete idealement: le schema est simple, une grande cour carree, autour de laquelle s'ouvrent des dizaines de cellules exigues et sombre, chacune fermee par une belle porte de bois ouvrage. C'est la que chaque femme de Khiva (nous constaterons invariablement la meme chose a Samarcande et Boukhara) tient son petit commerce, vers lequel elle compte bien vous rabattre.

Ce doit etre ca le tourisme comme ressource economique, developpe dans un schema qui vise a faire participer les populations locales. N'empeche que le premier jour, on en vient a se demander si on n'a pas paye l'entree d'un supermarche geant.

Img_9230 Mais bien vite tout cela passe au second plan, tant la splendeur du spectacle offert par Khiva reprend le dessus. Il suffit que le soleil pointe ses rayons pour que tout change de visage. Alors oui, la vraiment on comprend ce que l'on est venu chercher ici. Impression confirmee en oubliant un peu la longue liste des monuments a "faire", et en se balladant au gre des rues, entre les ogives des tombeaux, derriere les porches des petites medressas a peine decorees ou les artisans de la ville ont installe leurs ateliers. Bien sur, l'illusion d'etre le premier a pousser une porte ou a parler a un vieil ousbek ne dure pas longtemps, tant on sent que la ville voit passer des milliers de touristes chaque annee, mais tout de meme, on s'y croirait vraiment. Les ruelles tortueuses entre les maisons  aux toits plats, les enchevetrements de murailles et de coupoles , tout ce qui nous manquait a Bishkek est la, cet echo de l'histoire, ce patrimoine culturel et ce profond parfum de Perse et d'Orient.

Un detour au bazar de la ville, presque aussi tourbillonnant en cette veille de la Saint-Sylvestre queImg_9377 le Printemps Haussman le 23 decembre, bien que pauvre et mal achalande, une escalade de minaret pour prendre de la hauteur et savourer le panorama... Tant pis pour les marchands du temple et les "extra-tickets", supplements de prix demandes a l'entree de certains monuments, Khiva nous a conquis. De quoi alimenter de longs debats sur le tourisme durable, responsable et economiquement viable...

Camille et Mathilde

16 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (2)

Plus de photos dans l'album Ouzbekistan

Oui, c'est un peu complique, mais retrouvez les photos de notre voyage dans l'album "Ouzbekistan" Plus dans les prochains jours, pour les impatients de Samarcande.

15 janvier 2007 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0)

Ouzbekistan, premiere... dans le train vers Khiva

Racontons donc ce voyage...Img_9143

Partis de Bishkek le 28 decembre, nous arrivons a la frontiere kazhake-ouzbeke au matin. Ce passage de frontiere-la est memorable : de partout, la foule pousse, les babouchkas jouant des coudes avec une force incroyable. La police sur place ne fait rien pour empecher le flot, amplifiant meme le phenomene par des barrieres absurdes... Du coup, dans la bataille des baluchons et des petites charettes pleine de marchandises (ca commerce dur), nous passons presque inapercus.

Pluie sur Taschkent, la capitale de l"Ouzbekistan. Nous avons cinq heures a attendre avant le depart du train pour Khiva, premiere grande etape de notre voyage. Nous parcourons le musee des beaux arts, habituel cube gris des ex-capitales sovietiques, desormais familier. ll est beau mais vide, tout comme le sont les rues de la metropole. Nous avons hate de quitter ces avenues austeres, pour nous plonger dans l'Ouzbekistan ancestral.

Depart du train, pour 21 heures de voyages. Nous avons en tete la traversee des steppes ouzbekes et kazakhes racontee par Ella Maillard, et apprehondons quelque peu ces longues heures a passer dans ce train qui parait pris d'assaut par les voyageurs. Nous avons du, bien malgre nous, prendre la premiere classe, la faute a notre arrivee tardive. La somme reste modique. A peine un pied dans le premier wagon, nous sommes rassures... Le voyage va etre tres confortable. Tapis au sol, samovars fumants alimentes au charbon, compartiment coquets et douillets, et, luxe supreme dans ce rude hiver, un service a the typiquement ouzbeke, pose sur une jolie nappe blanche. Dans notre presque cabine, nous faisons la connaissance de Narguiza et de son fils Rai Ran. La maman, qui fait du "business" entre la vallee du Ferghana et la region d'Ourghench, nous invite a partager son repas. Un enorme ouzbek passe une tete a travers la porte coulissante en bois de notre compartiment... Service de cabine, il nous apporte draps et couvertures pour la nuit.

Nous parcourons maintenant le Kyzylkum, le desert blanc, en direction de l'extreme ouest du pays. Notre train, veritable auberge roulante, ne nous laisse pas une seconde d'ennui. Plusieurs curieux, dont Marx (on ne se refait pas) viennent faire la causette et ereinter notre russe timide. Camille et moi partons a la decouverte du train...

Partout, les portes sont ouvertes, les familles ont chausse leurs chaussons et installe leur table de repas. De la musique s'echappe, des odeurs aussi. Je m'imisce dans une des cabines, le temps de faire connaissance et de tenter de photographier cette impression de confort absolu. Difficile... Mais je fais quand meme la causette.Img_9158

Nous debouchons sur le wagon-restaurant. Que des hommes, largement entames par la wodka. Camille sympathise avec les controleurs pendant qu'un jeune militaire me fait une place. Je suis la seule femme du wagon, avec la serveuse.

Visite egalement de la deuxieme classe, ou  les voyageurs s'entassent sur des lits surperposes. Mais la encore, on joue aux cartes, on grignote, et on regarde passer le sable jaune, rarement trouble  par quelques hameaux. 

Descente du train a 11 h, apres un autre repas en commun... frais et dispos pour entamer la decouverte de la belle Khiva.

Mathilde

15 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (0)

Bonne annee... a suivre !

Cinq jours que l'on a quitte Bishkek pour explorer l'Ouzbekistan voisin. Pas facile dans ces conditions de tenir un carnet de route regulier en ligne... Et pourtant, pourtant, des choses a raconter, il yRetouchee en a tellement ! Alors en attendant, on les consigne dans des carnets, on remplit des cases entieres de nos  cerveaux congeles d'images, de moments et d'emotions qui rechauffent. Et promis, des que l'on regagne Bishkek, les notes pleuvront: pele-mele, les beautes troubles de Khiva, Boukhara, Samarcande, les ouzbekes, le desert du Kizil-Koum, la vallee du Ferghana...
De quoi commencer 2007 regonfles a bloc, avec, toujours, l'ambition de vous faire partager le plaisir que nous avons a decouvrir cette Asie centrale decidemment riche, si riche !
 

03 janvier 2007 dans Carnet de bord | Lien permanent | Commentaires (3)

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Le coin des voyageurs

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