Arrivée à Kokand. Ancienne capitale de Khanat, centre politique et religieux de la région concurrent de Boukhara. En tous cas, avant que les troupes soviétiques n’y matent une révolte dans les premières années de l’URSS, et rasent quasiment tout ce qui rappelait cette puissance passée. La ville a tout de même gardé un centre-ville pimpant et quelques édifices religieux émouvants car éloignés de l’activité touristique. Ici, on ne badine pas avec l’Islam. Djamilia, notre compagne de voyage dans le taxi depuis Tashkent, nous avait prévenu, en préambule à toute conversation : « Je suis musulmane ». Et toute la ville l’est. Dépités par la nuit tombée trop tôt, et la brume qui enveloppe cette ville inconnue, nous comptions nous réfugier dans un café et y boire une bière en attendant l’heure du diner… Peine perdue, il semble impossible de boire de l’alcool dans les lieux publics, et les cafés n’accueillent bien souvent que des hommes. Les russes ont déserté Qoqand, comme nous l’apprend la réceptionniste du seul hôtel de la ville, où nous descendons faute d’alternative. Et pourtant, la description du guide Lonely Planet avait de quoi nous en dissuader : « chambres d’une saleté repoussante, littéralement infestées de cafards ». Charmant, sauf que largement exagéré. Pour trouver des conditions acceptables, il nous aura tout de même fallu opter pour la « suite luxe », une poignée de dollars pour deux tristes pièces à peine meublées et une salle de bains pas franchement convaincante. Le tout pas reluisant mais acceptable.
On s’endort toutes oreilles dressées, guettant dès la lumière éteinte le craquement des petites bêtes sur le plancher. Erreur, le grondement qui nous réveille en sursaut quelques minutes plus tard n’est pas du à l’attaque des insectes, mais à un tremblement de terre. Et pas n’importe que tremblement de terre : puissance 8 à son épicentre, situé à quelques 40 km au sud, de l’autre côté de la frontière kirghize ! Sur le coup, on comprend vite de quoi il s’agit, puis l’angoisse arrive : pour le moment, toute la chambre vibre et rien ne se passe, mais jusqu’à quand ? Puis plus rien, et le sourire narquois de l’agent de sécurité qui nous rassure dans le couloir où l’on était sorti en vitesse, et en pyjama…
Dans la ville, nous tombons par hasard sur les locaux du journal de la ville. A l’intérieur, guidés par les journalistes très enthousiastes, nous découvrons une véritable imprimerie à la Gutenberg, avec lettres de plomb et ouvrières chargées de monter les pages, lettre a près lettre, et à l’envers s’il vous plaît. Heureusement, nous comprenons que le journal n’est plus édité selon cette technique, réservée désormais à l’impression de tracts publicitaires. On aura tout de même droit à la visite des petites rotatives(matériel soviétique of course) dont sort chaque jour le journal. A 10 heures du matin, le journal du lendemain est déjà sous presse, un aperçu intéressant de la notion d’actualité dan les médias ouzbeks ! Enfin, nous visitons longuement la médressa, l’école coranique de Qoqand, la seule toujours en activité d’une ville qui en comptait plusieurs centaines du temps de sa grandeur. Ici, des jeunes hommes étudient entre 13 et 18 ans et deviendront des imams après cinq autres années à l’université de Tashkent. Nous tombons pendant les vacances, l’ambiance est donc détendue dans les petites cellules où logent les élèves par quatre. Sous couvert de tourisme, on nous y accueille volontiers, et nous tentons de saisir, sans traducteur, la vie de la médressa… A lire prochainement dans le Journal des enfants et sur le blog pour les non-abonnés !
Pas facile de faire des commentaires quand vous vous en mettez plein les mirettes !
Ici il a neigé, ça vous en bouche un coin, hein ? ;)
Rédigé par : Elo | 24 janvier 2007 à 17:00