Que célèbre-t-on traditionnellement le 21 mars ? Le printemps ? Eh bien non, c’est Nooruz, fête aux origines et à la signification peu sûres, mais qui est célébrée dans toute l’Asie centrale, ainsi qu’en Iran. Nooruz, étymologiquement parlant, renvoie au nouvel an perse, le 21 mars. Mais on y retrouve également, pour beaucoup, le phénomène astral, l’équinoxe, et l’idée de renaissance, de renouveau lié au retour des beaux jours. Mais ne nous y méprenons, pas, pour tout kirghize, le printemps commence le 1er mars, et non le 21 !
Et a-t-on finalement besoin de raisons valables pour s’amuser ? Au Kirghizistan, on nous avait prévenu, c’est dans les villages, loin de la capitale, que l’on profite le mieux des réjouissances de Nooruz. C’est donc à Toktogul, a mi-chemin entre Bishkek et Osh, coincé entre deux chaînes de montagnes, que nous avons passé cette journée, invités par la famille de notre ami (et interprète) Kalinour.
Début des réjouissances en fin de matinée : c’est sur la large esplanade centrale de la petite ville que ça se passe : discours des officiels locaux, et surtout succession sur scène de nombreux groupes d’artistes traditionnels kirghizes. On aura droit au cours de plus de deux heures de spectacle en plein-air à des chansons traditionnelles, ensembles de komouz et de guimbardes, danses et, clou de la représentation, des enfants de l’école locale reprenant deux des disciplines les plus nobles au Kirghizistan. D’abord un affrontement de deux joueurs de komouz, improvisant une joute oratoire, s’envoyant des vannes en musique. Ensuite, deux jeunes manaschis passionnent la foule en lui contant, à grands gestes et éclats de voix, l’épopée de Manas, à la manière des traditionnels conteurs kirghizes. Manas, c’est le héros national, grand guerrier des temps anciens, dont les aventures font l’objet de l’œuvre orale la plus vieille et la plus dense (20 fois l’Iliade et l’Odysée, nous assurent fièrement les kirghizes), transmise depuis plus de 1000 ans par les conteurs voyageurs, les fameux manaschis, capables de conter pendant des journées entières dans un état de transe narrative…
Mais le gros de la fête se fait de retour à la maison de nos hôtes. Nooruz se fête ici entre voisins, et cette année c’est dans la maison de l’aksakal, l’aîné du voisinage, que nous sommes reçus. Dans la petite maison a été dressée une table autour de laquelle se succèdent les invités au cours de l’après-midi. Et quelle table : ses quatre mètres de longs semblent encore insuffisant pour offrir assez de surface aux montagnes de beignets, gâteaux, salades, confitures, fruits, etc, offerts aux convives. Chacun à son tour entre, salue les hôtes, s’accroupit sur les tapis, et doit partager le thé et quelques victuailles pour honorer les maîtres de maison. Quant à nous, nous aurons la chance de prendre part à un tour de chant et à une tournée de chorpo, le bouillon gras du mouton en train de cuire pour le grand repas du soir.
C’est ensuite dehors que se poursuit la fête, avec les jeux traditionnels : concours de tir à la corde, de chant et de danse, une vrai kermesse à la kirghize. Grand moment, le jeu qui consiste à essayer de renverser, les yeux bandés, à tâtons et armé d’un long bâton, une bouteille posée sur le sol à une douzaine de pas droit devant… Enfants et adultes savourent le spectacles des fransouskis essayer de taper à plusieurs mètres de la bouteille !
Et l’on repasse à table, salades, plov et besh-barmak, que l’on dévore à pleine main dans le grand plat collectif. Le tout copieusement arrosé à la vodka, cela va sans dire, à raison d’autant de toasts qu’il y a de convives à table. On gardera en mémoire les vœux arrosés de l’aksakal qui nous recevait, et qui, bien en verve après cette après-midi festive, nous souhaita « le bonheur comme on l’entend ici, qu’il y ait toujours beaucoup d’enfants devant la maison et beaucoup de moutons derrière »…
Camille et Mathilde
Où sont les parents de Mathilde ?
pourquoi plus de nouvelles depuis un certain temps
Pense bien à vous
Bises
Rédigé par : Josseaux Monique | 12 juillet 2007 à 21:58