* Par respect pour la langue ukrainienne, sur ce blog, nous écrirons les noms des villes dans leur version ukrainienne, et non pas dans leur version russe, ce qui est le plus souvent le cas en France. Ainsi, Kiev devient Kyiv, Kharkov, Kharkiv, et Lvov, Lviv...
Premiers pas hors de Kyiv, direction Kharkiv, tout à l’Est. Sur un coup de tête, nous voilà partis pour deux jours à une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe, soit à plus de 500 kilomètres de la capitale. Et pas question pour nous d’aller au-delà, on n’entre pas comme ça en Russie, le pays distribue désormais ses visas au compte-gouttes…
Nous connaissions par ouï-dires le passé industriel de Kharkiv, célèbre pour sa production de tracteurs, mais moins pour sa vitalité étudiante et culturelle. Grise mais gaie, délabrée mais accueillante, Kharkov déboulonne nos clichés sur la ville soviétique.
Bien sûr, nous sommes ici à l’Est de l’Ukraine, loin de Kyiv et de ses revendications nationalistes et notamment linguistiques, exacerbés lors de la révolution orange: un gigantesque Lénine trône toujours sur l’immense place Svobody, et la banlieue a grise mine. Bichkek se rappelle à notre bon souvenir... Dans les rues, on parle russe et rares sont les habitants à s’exprimer en ukrainien. Géographiquement mais aussi culturellement proche de sa voisine, Kharkiv n’a pas coupé les ponts avec la « grande Russie ».
Mais au centre-ville c’est l’Ukraine moderne qui s’affiche. Sur la rue principale, les gros 4X4 se mirent dans les vitrines des boutiques de luxe à l’occidentale. Le maire de la ville a forcé sur les illuminations, et l’avenue fait du charme. Ici et là, les églises orthodoxes donnent de la couleur au béton. L’une d’entre elles, rayée rouge et blanc dans un style italien étonnament assez présent ici, surplombe la rivière Kharkiv, gelée, que nous traversons à pied pour la plus grande joie des passants.
Près de la grande place, l’Université, qui accueille près de 100 000 étudiants par an. Ces derniers se pressent dans les caves à la mode, où l’on écoute du rock, du jazz, de la transe ou de la pop. Les Kharkiviens ont aussi gardé le meilleur de leurs traditions, comme nous l’explique un français installé ici : sous l’URSS, à la mise en place du couvre-feu, les habitants ont pris l’habitude de délaisser les bars et les cafés pour se réunir dans des appartements pour fêter jusqu’au bout de la nuit. L’habitude a perduré, et même les clubs gardent leur côté « underground ».
Plus en contrebas, au bord de l’eau, la vieille ville. Le long de routes cahoteuses aux incessants nids de poules s’alignent de petits trésors architecturaux. Ces vieilles bâtisses mêlant style rococo et industriel du début du XXe, laissées presque à l’abandon, donnent le ton d’une époque révolue… C’était donc ça, Kharkiv ?
Mathilde et Camille
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