« Vous, Koyaga, avez voulu savoir parmi ses collaborateurs qui était son adjoint, son éventuel successeur. Il a souri et vous a répondu qu’il ne choisirait jamais librement et de bon cœur un successeur et il vous a conseillé de ne jamais en désigner un. Parce qu’un successeur, qu’on le veuille ou non, est un concurrent et les peuples arrêtent d’être attachés à un guide dont la disparition cesse d’être une catastrophe pour un pays. »
Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages, extrait mettant en scène un jeune dictateur africain, venu prendre des leçons auprès d’un plus vieux que lui.
Au moment où nous nous frottons aux dictatures d’Asie centrale, certaines lectures nous rappellent que l’autoritarisme est un art qui a ses codes et ses règles d’or qui unissent tous les despotes, d’Afrique, d’Amérique et d’Asie.
Saparmourat Niazov disparu, le Turkménistan s’est donc « choisi » un nouveau président. Pas le successeur désigné du Turkmenbachi, non : celui-ci a appliqué à la lettre la règle énoncée ci-dessus. Gourbangouli Berdymouhammedov, l’« élu » de dimanche, 89% des voix, était jusqu’alors un honnête ministre éclipsé par l’omniprésent président (omniprésident ?), juste assez discret pour avoir échappé quinze ans durant aux incessantes purges parmi l’élite politique du pays… Autre précepte du parfait despote, cette application à évincer régulièrement tout personnage public ou ministre qui pourrait prendre de l’importance à l’ombre des statues dorées. Saparmourat Niazov a lui poussé cette paranoïa managériale jusque dans les rangs de sa propre famille.
Berdymouhammedov n’était donc pas le successeur désigné de Niazov ; pour la bonne raison qu’il n’en existait pas. C’est dans les heures qui ont suivi la crise cardiaque mortelle du Turkmenbachi, le 21 décembre dernier qu’il l’est devenu. D’autres se sont chargés de lui tailler le costume du parfait héritier. Première étape, se débarrasser du principal prétendant, le président du Parlement, évincé et incarcéré le 22 au matin au nom d’ooportuns motifs judiciaires. Berdymouhammedov endosse sur ces entrefaites la fonction de président par intérim, et c’est lui qui dirige les cérémonies de funérailles du regretté despote. Le symbole de légitimation envoyé à la population turkmène est fort : à l’ère soviétique, pour connaître le successeur du chef, il suffisait de savoir qui organisait son enterrement…
Mais voilà, la Constitution est formelle, le président par intérim ne peut être candidat aux élections prévues le 11 février. Qu’à cela ne tienne, ladite Constitution est modifiée fin décembre. Autre réforme « sur-mesure » : le même jour, l’âge légal d’un candidat est rabaissé de 50 à 40 ans… Faut-il préciser que Berdymouhammedov affiche… 49 ans au compteur ?
C’est donc bien assis sur le trône laissé vide par Niazov que Berdymouhammedov a abordé, et débordé, ce scrutin qui n’en aura pas été un (demandez à l’OSCE si vous me croyez pas).
Alors pourquoi Berdymouhammedov ? Le nouveau président turkmène est, pour certains, une marionnette agitée par un autre: Akmourad Rejepov, le très influent chef des très puissants services secrets turkmènes. Un autre miraculé (mais qui croit encore aux miracles en Asie centrale ?) des années Niazov, dans l’entourage très proche du Turkmenbachi. Et, on le comprend bien, soucieux depuis la mort inopinée de ce dernier d’assurer la continuité du régime et accessoirement de ses colossaux intérêts financiers personnels.
Ahmadou Kourouma inscrit ses dictateurs dans l’Afrique de la guerre froide. Dans l’Asie centrale ex-soviétique du gaz et du pétrole, on n’a pas de leçons à recevoir de personnes. Pour une version plus locale du propos, et où la triste réalité ne prend pas la peine de se cacher sous la fiction, on conseillera Murder in Samarkand, de Craig Murray. Ex-ambassadeur britannique en Ouzbékistan, Murray y décrit les mécanismes du système Karimov et les hypocrisies diplomatiques des puissances occidentales. Sa carrière, semble-t’il, en a pris un coup…
Pour ceux qui veulent aller plus loin sur les élections turkmènes, lisez (en anglais) le très complet rapport de l’International Crisis Group sur le sujet.
Camille
j'aimerai vous parler de la condannation a 4,5ans de [prison de Mr Adonis 42 ans journalite qui a trvaille pour plusieurs journeaux de la province de Mindanao Philippines pendant 18 ans. Suite a un proces pour 43 plaintes deposees par des hommes politiques et des pour denonciations calhomnieuses...il n'a pas pu se payer un avocat..son salaire de 150$ par mois ..2 filles a l'ecole etc... bref il va aller rejoindre au penitentier de Mindanao des individus que ses enquetes avaient fait condanne et qui y purgent leurs peines..donc arret de mort en fait pour lui...voila a+ si vous voulez des news
Rédigé par : YanLapine | 09 avril 2007 à 15:21