Fin avril, une virée d’un week-end nous a fait découvrir les rivages de la Mer Noire et la ville d’Odessa. Un premier séjour de repérage, sans autre objectif que de nous familiariser avec cette métropole qui tient une place à part dans ce pays.
Odessa, et sa part de légende, son identité juive largement envolée, son port et ses escaliers Potemkine, bien sûr, son opéra exceptionnel de beauté Renaissance. Ses plages aussi, eh oui, se retrouver enfin face à la Mer, voilà une satisfaction que nous n’avons pas dédaigné pendant ces trois jours.
Nous avons également, grâce à l’hospitalité d’amis odessites, pu prendre la mesure de l’indentité bien propre aux gens de cette ville. Odessa, par son Histoire, sa situation stratégique et économique, est une ville d’une grande richesse, architecturale, culturelle, historique, et elle cultive férocement son particularisme. Ici, on est Odessite, surtout pas ukrainiens. Russes, à la rigueur, à en croire nos interlocuteurs, un petit groupe de jeunes nés ici et attachés à leur ville.
Odessa, l’un des principaux ports commerciaux de la Mer Noire, a vu passer au cours des siècles Français (la ville a été fondée par un descendant de Richelieu dont une statue trône toujours en haut des escaliers Potemkine….), Grecs, Turcs, Russes, elle a été le théâtre d’une des pages les plus tragiques et glorieuses du pré-bolchévisme (en 1905, la révolte rendue célèbre par le « Cuirassée Potemkine de Eisenstein), a été l’une des villes les plus russifiées et soviétisées sous l’URSS. Le port industriel, bien que beaucoup moins actif depuis 15 ans, reste impressionnant, ses dizaines de grues et de silos, quais et containers empilés occupent le littoral sur toute la longueur du centre ville. Celui-ci s’étend quarante mètres plus haut, sur le promontoire naturel qui surplombe le port. On y accède par les fameux escaliers, impressionnants vus d’en bas, qui ouvrent sur des artères et des places arborées, un bel ensemble architectural de batiments ayant gardé un style désuet de cité balnéaire chic. La plupart affichent des façades souvent défraîchies, mais la ville garde un charme intact, malgré les innombrables projets immobiliers démesurés qui surplombent les plus beaux panoramas sur la Mer. Ici aussi on spécule sur la valeur de la terre, et l’on construit sans discernement de nouvelles résidences de standing sur 20 étages, alors que le style odessite (et son sol instable) supporte rarement plus de trois étages… Symbole de ce gâchis architectural, l’hôtel construit sur la jetée dans l’exact prolongement des escaliers Potemkine, un gratte-ciel sans grâce qui barre la perspective maritime si recherchée du lieu.
Et quand le port ne bouche pas l’accès à la Mer Noire, ce sont les plages qui s’étendent sur le littoral d’Odessa. Du sable blanc, dragué au large et déposé ici par la Ville. Les plages et criques se succèdent le long d’une promenade balnéaire très aménagée, surplombée par les résidences de tourisme collectif et sanatoriums soviétiques. Un faux air de côte bretonne, si on oublie de tourner la tête vers la ville, si proche. Les odessites ne manquent pas d’en profiter dès les premiers soleils du printemps, et même à la mi-avril, des petites criques isolées accueillaient déjà des groupes de plagistes naturistes... Et un pêcheur un peu fou, qu'on ne résiste pas à vous présenter !
Camille et Mathilde
A venir, l'opéra d'Odessa en images...