Nous voila depuis cinq jours a Almaty, la capitale economique du Kazakhstan. La "vraie" capitale, desormais, c'est Astana, ville-nouvelle batie depuis quelques annees au milieu des "terres vierges", de la steppe du nord kazakhe... On vous en reparle bientot, puisqu'on devrait demain soir, apres 24 heures de train.
En attendant, nous avons profite de nos premiers jours ici pour decouvrir la ville, une sorte de Bishkek suisse: rues propres, pas de nids-de-poules, magazins de luxe, grands projets immobiliers type "Dubai centrasiatique" et belles voitures. Le tout, des que l'on sort du centre, jouxtant les memes batiments sovietiques, petites maisons russes et vendeurs de rues que dans la capitale kirghize. Le Kazakhstan est celui des 5 pays d'Asie centrale qui connait le developpement economique le plus visible . La rente energetique y est pour beaucoup, gaz naturel surtout et champs de petrole autour de la mer Caspienne qui font miroiter de beaux lendemains aux compagnies occidentales et au pays.
Modele (critiquable, certes, nous en reparlerons) economique pour ses voisins, le Kazakhstan n'est pas parmi les meilleurs eleves en terme de democratisation: ces derniers mois, son leader, le "pere de la nation kazakhe" Noursoultan Nazarbayev, semble meme sur une pente dangereuse: il s'est assure de pouvoir rester au pouvoir sans probleme constitutionnel au printemps, et a l'issue des toutes recentes elections parlementaires (qui n'ont vue l'election d'aucun depute d'opposition, meme si cette derniere notion est a nuancer), il a annonce la creation d'un parti unique a l'ancienne, le sien, Nur Otan. Bref, on parle ici de "Turkmenbachisation", en reference au defunt president turkmene Niazov, qui savait y faire en matiere de culte de la personnalite.
Le Kazakhstan comme le Kirghizistan a ete declare independant a la chute de l'URSS, mais ce fut le dernier des pays d'Asie centrale a le faire, en 1992. Le pays, mitoyen de la Russie sur plusieurs milliers de kilometres, est peuple d'une importante minorite russe, notamment au Nord, dans cette region des "Terres vierges" dont Khrouchtchev a fait une region d'agriculture intensive en y faisant venir des milliers de familles de cultivateurs russes. Almaty, l'ancienne capitale sovietique, reste a moitie peuplee de russes, meme si la balance s'est desequilibree apres l'independance.
La ville en garde une superbe eglise orthodoxe en son centre. Dimanche dernier, la porte de la nef etait ouverte, nous avons franchi le seuil... pour nous retrouver face a un imposant pope recitant des cantiques devant une assemblee d'enfants en maillots de bains. C'est jour de bapteme. Avant de passer dans le grand bain, les petits nageurs doivent apprendre a faire le signe de croix (en commencant par le cote droit, chez les orthodoxes), ce qui n'est visiblement pas facile sans s'emmeler les pinceaux. Puis vient le moment de plonger dans la foi, tout entier dans le grand baptistere d'etain. Les bebes y passent les premiers. Ni adin ni dva, le pope saisit les bambins dans sa grande main, et les plonge sans menagement, par trois fois sous le niveau de l'eau. Plutot violente, comme entree en religion! Les bebes-nageurs en ressortent sonnes, et mettent quelques secondes a reagir convenablement, c'est a dire a hurler a pleins poumons.
Ensuite, on procede par age croissant, les enfants puis quelques adultes. le baptistere n'etant pas extensible, on adapte la methode, qui devient un peu plus douce. Une bassine sous les pieds, une cruche d'eau benite deversee sur le crane, la fin de la ceremonie se passe sans eclats de voix.
On se remet de nos emotions grace aux chants toujours aussi beaux des orthodoxes, pslamodications a reponses qui se repetent et montent en boucle dans les coupoles de l'eglise, epoussetant au passage les ors des icones...
Camille et Mathilde
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