En plein coeur du Khorezm, ancien berceau de civilisation persanne en Asie centrale, a quelques encablures de la frontiere turkmene, en arrivant a Khiva, on touche enfin au mythique... Depuis des annees trottent dans nos esprits les images des bastions dodus et des murailles en pise de la vieille cite. Et les voila face a nous, au moment ou l'on descend du taxi qui nous a amene depuis la gare d'Ourgentch... Alors bien sur, le coucher de soleil est toujours moins dore en vrai, et la taille de l'edifice n'est pas tout a fait celle que l'on imaginait en reve... Mais tout de meme, pas question de bouder son plaisir, une fois le prix de l'hotel aprement negocie, au moment de passer la porte d'enceinte et de penetrer dans la ville.
C'est la que le reel vous rattrape definitivement: la magie opere, certes, mais la magie a un cout. Si le coeur de Khiva, la citadelle d'Ichon Kalaa et ses dizaines de splendides mausoles, medressas, mosquees et palais orientaux ont survecu, c'est parce que le site a ete classe au patrimoine mondial de l'UNESCO il y a 15 ans. Et donc largement restaure. C'est donc dans une ville-musee que nous penetrons: dans les rues desertees par les touristes, rares sont les passants afrontant le vent glacial qui s'engouffre entre les hautes murailles des palais. Dans les cours de medressas, au pied des splendides minarets de cette antique capitale de l'Islam, nous ne croisons d'abord que des femmes etonnament polyglottes et souriantes qui ne comptent pas laisser trois touristes hivernaux sans leur avoir montre leur echoppe, artisanat local, bois scuplte, ceramiques et tapis brodes... Il faut dire que l'architecture des medressas s'y prete idealement: le schema est simple, une grande cour carree, autour de laquelle s'ouvrent des dizaines de cellules exigues et sombre, chacune fermee par une belle porte de bois ouvrage. C'est la que chaque femme de Khiva (nous constaterons invariablement la meme chose a Samarcande et Boukhara) tient son petit commerce, vers lequel elle compte bien vous rabattre.
Ce doit etre ca le tourisme comme ressource economique, developpe dans un schema qui vise a faire participer les populations locales. N'empeche que le premier jour, on en vient a se demander si on n'a pas paye l'entree d'un supermarche geant.
Mais bien vite tout cela passe au second plan, tant la splendeur du spectacle offert par Khiva reprend le dessus. Il suffit que le soleil pointe ses rayons pour que tout change de visage. Alors oui, la vraiment on comprend ce que l'on est venu chercher ici. Impression confirmee en oubliant un peu la longue liste des monuments a "faire", et en se balladant au gre des rues, entre les ogives des tombeaux, derriere les porches des petites medressas a peine decorees ou les artisans de la ville ont installe leurs ateliers. Bien sur, l'illusion d'etre le premier a pousser une porte ou a parler a un vieil ousbek ne dure pas longtemps, tant on sent que la ville voit passer des milliers de touristes chaque annee, mais tout de meme, on s'y croirait vraiment. Les ruelles tortueuses entre les maisons aux toits plats, les enchevetrements de murailles et de coupoles , tout ce qui nous manquait a Bishkek est la, cet echo de l'histoire, ce patrimoine culturel et ce profond parfum de Perse et d'Orient.
Un detour au bazar de la ville, presque aussi tourbillonnant en cette veille de la Saint-Sylvestre que le Printemps Haussman le 23 decembre, bien que pauvre et mal achalande, une escalade de minaret pour prendre de la hauteur et savourer le panorama... Tant pis pour les marchands du temple et les "extra-tickets", supplements de prix demandes a l'entree de certains monuments, Khiva nous a conquis. De quoi alimenter de longs debats sur le tourisme durable, responsable et economiquement viable...
Camille et Mathilde
Salut vous deux,
C'est vraiment magnifique ! Une question de non initie tout de même, c'est quoi exactement une medressa ?
J'en profite pour vous envoyer un grand merci pour les cadeaux bien de là-bas. C'est vraiment une super idée et je pense que le coussin sera très confortable et doux pour y reposer le petit frêre/la petite soeur quand il va commencer à me déformer ! 1ère écho le 25 janv je vous enverrais les nouvelles. Quand à Elian en attendant de transporter son gouter, il peut promener ses joujoux.
Plein de bisous et encore merci.
Clem, Philippe et Elian
Rédigé par : clem | 17 janvier 2007 à 10:30
Ah ah, aussitot interroges, aussitot repondu: une medressa, c'est une ecole coranique! Au temps des Khan et de la splendeur des cites ouzbekes, Khiva et Boukhara etaient de grands centres religieux pour le monde musulman, justement parce qu'elles comptaient plusieurs centaines de ces ecoles. Aujourd'hui, bien peu fonctionnent encore, sinon la grande medressa de Boukhara, et celle de Kokand, dans la vallee du Ferghana, que nous avons pu visiter. Mais vous lirez tout ca bientot...
Rédigé par : Camille et Mathilde | 17 janvier 2007 à 10:55