Le Kirghizistan serait en banqueroute. Felix Koulov, premier ministre, a annonce la nouvelle a la presse affolee la semaine derniere. Avec 2 milliards de dollars de dette exterieure, le Kirghizistan est donc entre de plain-pied dans le club tres select des pays pauvres les plus endettes (PPTE) de la planete... Heureusement pour le petit Etat centrasiatique, la Banque Mondiale et le FMI veillent au grain et proposent au Kirghizistan une reduction de sa dette, moyennant un controle de l'economie et des institutions, "pour que le pays puisse réduire davantage la pauvreté dans les prochaines annees et repondre aux objectifs du millenaire pour le developpement" (1)
Les altermondialistes en ont fait leur bete noire, de ce grand mechant Fond Monetaire International, coupable selon eux de modeler l'economie des pays fragiles a la sauce liberale. En effet, en echange d'une reduction de la dette, l'organisme exige souvent la privatisation totale ou partielle des services publics et impose des restrictions budgetaires lourdes. Les desormais fameux "ajustements structurels".
A Bishkek, nous sommes au coeur de ce debat : "y aller, ou pas". Le Parlement doit donner sa reponse quant a l'adhesion du pays au programme de reduction de la dette le 15 decembre 2006. Quinze ans apres la chute de l'URSS, la menace d'une nouvelle tutelle, cette fois-ci financiere, est dans toutes les tetes. La population, mal informee sur les mecanismes mondiaux, s'interroge sur les intentions de la communaute internationale. Dans le doute, le premier ministre, tres favorable au programme PPTE, a demande aux membres du gouvernement de ne "critiquer" le FMI en public. Le president reserve egalement sa reponse.
Heureusement, les kirghizes ont de la ressource... En prenant exemple sur les lointains voisins nippons, le ministere des Finances a ouvert un compte "special remboursement de la dette", sur lequel les habitants sont invites a deposer leur participation, meme symbolique. La presse locale mediatise avec enthousiasme chaque versement, a l'instar de cet etudiant ayant depose deux mois de droits d'inscriptions a la facultee sur le compte commun. Plus d'un million de soms, soit 20 000 euros, auraient deja ete collectes...
Mathilde GOANEC
(1)Bulletin du FMI, 6 novembre 2006.
Commentaires