"Quand la Chine s'eveillera"... disait Alain Peyrefitte. Depuis, on pensait avoir oublie la suite de cette maxime. Et c'est ici, a une chaine de montagne du geant en eveil, qu'elle nous revient en memoire: "... le monde tremblera." Pas moins.
Il a deja commence a trembler, certes, il n'est pas question d'enfoncer des portes ouvertes. Il est devenu une habitude de retourner les assiettes, les appareils elecrtoniques et de scruter les etiquettes de pret-a-porter pour y relire les trois mots entres dans notre quotidien depuis plusieurs annees deja. Made in China.
Ici a Bishkek, nous sommes bien places pour ressentir les secousses sysmiques: le plus flagrant des symptomes, c'est dans les bazars de la ville qu'on le ressent. L'image d'Epinal des pittoreques marches orientaux a vecu. Pour trouver un tissu traditionnel, une piece de feutre estampillee centrasiatique, il faudra se frayer un chemin entre les kilometres d'etals proposant tous la meme marchandise chinoise. On nous regarde comme des illumines parce que nous preferons une couverture kirghize en laine de mouton a une couverture synthetique aux motifs et couleurs criards.
Acheter des bottes pour l'hiver ? Vous avez le choix: A Dordoy, au nord de la ville, des centaines de containers exposent les trente, quarante modeles chinois a l'infini. Sur les routes du pays, les camions acheminant leurs tonnes de produits manufactures migrent tous dans le meme sens, et le col de Torugart, a la frontiere entre Kirghizistan et Chine, est un incessant point d'echange economique. A sens unique.
Car le Kirghizistan, petit pays a l'industrie quasi-inexistante, dont l'economie n'en finit pas de s'etioler depuis 15 ans d'independance, n'a pas de quoi rivaliser avec son encombrant voisin. A la frontiere, la sinification de la region ouighoure du Sin-Xiang va bon train, et inquiete les kirghizes.
Dans les universites nationales de Bishkek, on prophetise pour 2010 la maturite du geant. Que se passera-t-il alors pour le petit Kirghizistan ? Certains nous font part ouvertement de leurs craintes. Les grands projets de cooperation regionale, tels que la creation d'une ligne de chemin de fer trans-asiatique reliant l'Asie centrale au port de Shangai semblent tracer la voie pour une plus large ouverture de la region a l'influence chinoise.
Une tutelle tombe, une autre s'annonce... Est-ce donc le destin d'un petit pays mal-ne dans une region trop strategique pour lui ?
Camille
Commentaires