Il y a cinq ans, des manifestations monstres avaient bousculé le régime autoritaire de Léonid Kouchma et de son dauphin Ianoukovitch. Hier, la place Maïdan était presque vide
Kiev.De notre correspondante
22 novembre 2004, la place Maïdan à Kiev est noire de monde. Des milliers d'Ukrainiens contestent les résultats du second tour de la présidentielle, qui donnent gagnant Viktor Ianoukovitch, le dauphin pro-russe de l'autocrate Léonid Kouchma, qui dirigeait le pays depuis 1994.
À la tribune, l'opposant Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko, l'égérie du camp orange, demandent justice et promettent une Ukraine européenne à leurs supporters. Fin décembre, à l'issue d'un troisième tour mouvementé, le duo orange s'installe au pouvoir, porté par une mobilisation sans précédent.
Cinq ans plus tard, seule une centaine de manifestants commémoraient timidement cette Révolution, hier, à Kiev, alors que se profile une nouvelle présidentielle. Aucun des héros d'alors ne s'est montré. « Chaque 22 novembre, nous, les activistes, nous venons sur Maïdan, raconte Dimitri Tchesniakov, un drapeau à la main. Juste pour se rassembler et se souvenir de cette ambiance chaleureuse, tolérante... Nous étions là pour que ça change, mais malheureusement le pouvoir n'a pas su exploiter ce potentiel. »
Malgré quelques timides avancées démocratiques, le bilan de Iouchtchenko est bien pâle : la perspective d'adhésion à l'Union européenne s'éloigne à grand pas, l'économie est au plus mal, la justice et l'administration restent extrêmement corrompues et le pouvoir n'a pas su se détacher de l'influence des milieux oligarchiques.
Surtout, l'équipe orange, par sa débauche de promesses non tenues, a anéanti les rêves d'une génération. « Cela fait déjà longtemps que nous ne célébrons plus cette révolution. Ils n'ont rien fait en cinq ans. Les jeunes ont perdu tout espoir, » dit Vitia, 24 ans, qui vend des disques sur la place Maïdan.
Candidat à sa propre succession lors du scrutin de janvier 2010, Viktor Iouchtchenko est au plus bas dans les sondages. Son ancien adversaire, Viktor Ianoukovitch, caracole en tête, suivi de près par la candidate Timochenko, qui évite soigneusement les références à 2004. L'orange n'est plus de mise.
Mathilde GOANEC.
ET aussi sur RFI
http://www.rfi.fr/contenu/20091123-anniversaire-morose-revolution-orange
"...Iouchtchenko, l'homme de Maydan, n'a pas daigné se montrer sur la place ce dimanche. Dans un discours télévisé, il a critiqué ceux qui minimisent l'impact de cette révolution, et brandi la menace d'un nouveau Maydan. Mais la « génération orange » jure aujourd'hui qu'on ne l'y reprendra plus. C'est d'ailleurs le grand adversaire de la révolution, Viktor Ianoukovitch, qui part grand favori pour succéder à Iouchtchenko aux présidentielles de janvier prochain."
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