ENERGIE. Livraison réduite de 35%.
Mathilde Goanec, Kiev
Mardi 4 mars 2008
Si la Russie s'est réveillée avec un nouveau président lundi, l'Ukraine, elle, s'est levée avec 35% de gaz en moins dans ses gazoducs. Gazprom, la compagnie gazière russe, a mis sa menace à exécution, conformément à l'ultimatum lancé mardi dernier par Vladimir Poutine. Depuis, et malgré des pressions verbales repétées, les négociations n'ont pas bougé d'un pouce, même si l'Ukraine affirme avoir payé une bonne partie de sa dette gazière, estimée à 1,5 milliard de dollars. Mais Gazprom semble en avoir eu assez des déclarations de principe ukrainiennes, sur un dossier qui s'enlise et fait les frais de problèmes personnels existant entre le président Victor Iouchtchenko et son premier ministre Ioula Timochenko, engagés dans une véritable course au leadership.
Depuis le début des négociations, entamées en début d'année, c'est le gaz consommé en 2008 qui pose particulièrement problème: en effet, depuis la dernière crise de 2006, l'Ukraine reçoit du gaz venu d'Asie centrale, ce qui lui permet de conserver des tarifs raisonnablement bas. Mais ces pays fournisseurs ont été obligés de réduire leurs exportations en janvier, à cause de conditions climatiques particulièrement difficiles. Gazprom a bouclé sa livraison vers l'Ukraine en y ajoutant du gaz russe, bien plus cher, ce qui a considérablement alourdi la facture ukrainienne. Une version contestée par l'Ukraine, qui rechigne à payer la note, estimant que le contrat n'a pas été respecté.
Inquiétude des Vingt-Sept
Le pays ne pourra pas résister longtemps à la pression russe et a depuis longtemps perdu l'avantage dans ce conflit. Dmitri Medvedev, dans ce domaine comme dans d'autres, semble bien décidé à appliquer la même fermeté que son prédécesseur. L'époque où la Russie faisait des «cadeaux commerciaux» à sa voisine, au nom de leur solide amitié, est bien loin. Depuis, la Révolution orange est passée par là, drainant avec elle le pays vers l'Ouest. Un rapprochement symbolisé dernièrement par l'entrée de l'Ukraine dans l'OMC et par sa demande d'adhésion à l'OTAN, deux événements qui ont fortement contrarié le Kremlin.
Du côté européen, on presse les deux pays pour qu'ils trouvent une solution rapide. En effet, 80% du gaz russe consommé dans l'Union européenne passent par les gazoducs ukrainiens, et les Etats membres craignent par-dessus tout de voir débuter une nouvelle «guerre du gaz» entre l'Ukraine et la Russie.
Cette question a donné lieu à une longue série de papiers dans la presse francophone, ainsi que pour RFI, France Info, la RTBF, et la RSR.
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